Source: «Aging and Demographic Change in Europe: Divergent Trends in Western and Central Europe», Rainer Muenz, Erste Bank, Vienna: Second OECD World Forum on Statistics, Knowledge and Policy, Istanbul, Turquie, le 28 juin 2007. Suivant le vieillissement et la migration en Europe, selon le portrait esquissé par cette carte, l’est du continent va se dépeupler au cours des cinquante prochaines années. Les populations dans les nouveaux pays membres de l’Union européenne connaissent déjà de très bas taux de fécondité, et les adultes migrent en nombres importants vers les pays dans l’ouest. Les populations de ces derniers vont donc augmenter, en dépit de leur taux de fécondité également bas. La partie en rouge vif (l’Égypte et la Libye, qui manquent sur la carte, seraient également en rouge vif) signale l’origine de migrations à venir (possiblement, probablement) de pays pauvres non Européens ayant une croissance démographique importante. C’est un peu comme les Mexicains et d’autres immigrants de l’Amérique latine qui viennent – et veulent venir en plus grand nombre – aux États-Unis et même au Canada.
On voit ici la situation pour d’importantes populations du Maghreb et l’Égypte, proche des pays de l’Europe. C’est une problématique différente de celle de l’Afrique noire, où la volonté de migrer se bute aux distances, dont la traversée du Sahara. Reste qu’un nombre important de migrants de l’Afrique sub-saharienne se trouvent parmi ceux qui traversent la Méditerranée chaque année.
Comme le décrivait Le Devoir le 8 janvier dans «Immigration: l’Europe sous tension»
«Contrairement à ce qu’on a dit et répété, on est en plein dans le conflit de civilisation», affirme Marc Pierini, membre de la fondation Carnegie Europe. «On est dans une sorte de spirale infernale », ajoute-t-il à propos de l’attentat de Paris et des manifestations contre l’islam en Allemagne.
«Cet attentat va peser sur le jeu politique en France, il va faire le jeu du Front national», le parti d’extrême droite, selon lui, car «dans ce contexte de tensions, nos démocraties libérales, comme biens d’exportation, sont malmenées».
Des démocraties malmenées, peut-être, mais convoitées : pas moins de 207 000 Africains ont traversé la Méditerranée par bateau en 2014 dans l’espoir de trouver refuge en Europe. La plupart des survivants à la traversée débarquent sur les plages du sud de l’Italie, où ils sont laissés à eux-mêmes dans des camps de fortune. Avant d’être renvoyés dans leurs pays d’origine souvent déchirés par la guerre. De quoi fabriquer des révoltés.
«La moitié de la population d’Afrique a moins de 24 ans. Dans les conditions politiques actuelles, ça s’appelle une bombe atomique», souligne Nicole Morgan (professeure de philosophie au Collège militaire royal de Kingston).