Comme pour les deux derniers articles, celui-ci est une sorte de travelogue, sans beaucoup d’apprentissage sur le plan du développement. Pour ceux et celles qui seraient peut-être intéressés par un petit récit venant des entrailles de la Chine. Je mettrai des photos en galerie à mon retour à la mi-mai.
Le TGV quitte Xinxiang pour faire 200 kilomètres vers le nord, changeant de direction à Shijiazhuang, capitale de Hebei, pour se diriger vers l’ouest. Nous quittons le Great Northern Plain pour monter sur le Plateau du loess. Les tunnels commencent tout de suite, et presque aussitôt les paysages qui paraissent entre les tunnels en montrent les signes: des ravins un peu partout et de plus ou moins grande profondeur, des petites plaines de sédimentation dans le fond des ravins, déjà en train d’être préparées pour la saison de culture qui commence. Partout aussi nous retournons au printemps, les arbres et les arbustes en fleurs ou en début de feuillage. Le voyage change d’étape.
Taiyuan
Taiyuan, capitale du Shanxi, se présente comme encore une autre grande ville – 4,1 millions d’habitants – et nous voilà prêts pour une nouvelle visite. La ville est réputée parmi les 10 plus polluées de la planète et des 4 plus polluées de la Chine, mais nous sommes presque exemptés de l’expérience – nous l’avions vu d’assez près à Zhengzhou, également sur la liste…
Le lendemain matin, c’est le Musée des mines qui nous attire, et nous voilà de retour à l’esprit de Zhangjiajie: le tout se manifeste avec le film de présentation, où je change de siège parce que je me crois responsable du mouvement – bien non, c’est plutôt le Musée, qui veut «animer» mon expérience, cela en lien avec des chaises, en mouvement ou non, qui rendent l’anglais en bas de l’écran illisible, le tout dans un jeu qui ne fait que souligner la banalité de la présentation et de la visite guidée, qui restent sur la surface tout au long des 90 minutes. Cela se termine en vantant les «villes de charbon» de la province, en commençant par Datong, notre prochaine destination.
Pour l’après-midi, j’avais demandé au guide de trouver un quartier où nous pourrions voir les gens dans leur vie quotidienne. Il propose le Liu Shan Jie, une rue piétonnière qui me fait craindre le pire, et c’est bien cela: un centre commercial tout le long de la rue. Sauf que les gens lui avaient dit qu’il y a des vieux quartiers tout près. Voilà, pour une rare fois depuis mon voyage de 2009 quand c’en était le thème, nous sommes témoins de la transformation de la vieille ville en nouvelle-vieille ville: il reste encore des rues et ruelles plus ou moins intactes, mais l’opération est en cours pour démolir le tout et le remonter en faut vieux-neuf. C’est Zhangjiajie presque revisitée, sous d’autres perspectives… Plutôt triste à voir, comme ce l’était en 2009, tellement les nouveaux quartiers ainsi créés manquent de l’activité normale des résidents.
Le retour à l’hôtel en fin d’après-midi nous apprend que nous sommes identifiés comme terroristes potentiels par les policiers à l’entrée, étant les trois seuls clients de l’hôtel à part les participants à une grande conférence officielle du gouvernement provincial. On nous exige de partir tout de suite, il y a ensuite sursis pour une nuit, et le lendmain matin notre statut est changé pour nous permettre de rester la deuxième nuit. Quelques frousses, du stress pour notre guide, mais en même temps presque du spectacle, comme celui présente par un vieil officiel accompagné au train à Xinxiang par deux soldats armés de AK47 et qui est débarqué justement a Taiyuan. Dans notre cas, il s’agit de gardiens prenant trop au sérieux leurs responsabilités et passant proche du délire.
Vers le nord: Datong
Le voyage de 4 heures en train normal, mais en compartiment de couchettes, est assez facile, et me rappelle un voyage de 2011 dans le Gansu, entre Lanzhou et Zhangye, en moins intéressant. On voit que les gens se préparent pour l’ensemencement des champs, et de toute évidence, ce sera du mais. Comme en 2011, c’est fascinant de voir les tombeaux, de toutes dimensions, qui se trouvent partout dans les champs. Par contre, le sens d’une vallée avec des chaines de montagnes qui dominait à l’ouest et à l’est dans la vieille partie de la Route de la soie que nous traversions en 2011 au Gansu est presque absent lors de ce voyage, même si Datong est décrite comme occupant un site stratégique sur le plan militaire en fonction de sa géographie. C’est également fascinant de voir l’étendue de la pratique de couvrir les semences de plastique, à la grandeur des champs, ceux-ci des fois presque à perte de vue.
L’entrée à la gare nous montre peut-être les maisons les plus décrépites que j’ai vues jusqu’ici en Chine, pire que celles près de la vieille gare de Zhengzhou, mais avec des antennes paraboliques sur tous les toits. L’air de la capitale du charbon est presque crystallin. Notre chambre, pour une quarantaine de dollars, est la double de celle ou nous étions censés être en train de comploter, et nous donne de bonnes perspectives sur la ville, dont une sur une de ses trois centrales thermiques, des nuages de fumée sortant de ses quatre cheminées à la journée longue.
J’ai choisi Datong pour l’itineraire parce qu’elle est la porte d’entrée des régions de production de charbon, mais aussi parce qu’elle est située à une demi-heure des grottes bouddhiques de Yunhang, remontant à plus de 1000 ans et ayant des statues en remarquable état de conservation, pourtant plus ou moins en plein air. Nous prenons environ deux fois plus de temps que ce que las gens de l’hôtel nous avaient suggéré comme prévisible, et c’est intéressant, mais difficile à voir justifier des dèplacements de quelques milliers de kilomètres – pour les Chinois – ou de peut-ôtre 15000 kilomètres – pour des Américains.
Mon neveu partira le lendemain, et nous décidons de continuer l’exercice touristique et de viser la Grande muraille, section Datong, pour l’après-midi. La Grande muraille s’étend sur 7000 kilomètres, et je l’avais dèjà vu de l’avion, je l’ai visite près de Beijing ainsi que dans son état de ruines tout près de son extremité ouest au nord de Zhangye. Nous entendons qu’il se trouve tout près de l’hôtel tout comme qu’il faut presque une journèe aller-retour pour s’y rendre. Nous demandons au taxi de nous amener au site tout près.
Il nous laisse à une grande porte dans des fortification évidemment recentes, mais où la solitude règne et où il n’y a aucune entrée ni prévue ni possible. Nous sautons dans un deuxième taxi, et voilà, il sait ce qu’il nous faut. Il nous laisse à l’entrée des fortifications nouvelles de l’ancienne ville – une partie terminée de ce que le premier taxi voulait nous montrer, mais à tort. C’est l’œuvre du maire Geng qui misait sur la transformation de sa ville comme capitale du charbon à une destination touristique de haut niveau. Finalement, on croit comprendre que les fortifications auraient été un chaïnon dans la Grande muraille, mais rien de l’original n’existe aujourd’hui dans la ville.
Du haut des fortifications, où nous sommes presque les seuls visiteurs, nous voyons, d’une part, toute l’activité commerciale liée aux travaux de re-création du vieux et, d’autre part, des petits quartiers qui sont sûrement ce qui a réussi à résister jusqu’ici au projet de démolition du maire Geng. Cinq minutes plus tard, nous sommes en train de passer dans les ruelles de ces quartiers, où des maisons intactes jouxtent d’autres plus ou moins démolies. Encore une autre expérience plutot triste, mais des échanges avec quelques résidents, dont un couple où l’homme est bien fier de souligner qu’avec ses 78 ans il est plus vieux que moi. Il y a passé toute sa vie et est convaincu qu’il va pouvoir y finir ses jours. Nous n’en sommes pas aussi convaincus…
À part la rue piétonnière commerciale, nous avons l’impression, comme un visiteur sur Internet, que les gens de la ville, voire les touristes, ne s’intéressent pas à la création stérile du maire Geng et sont tout à fait sans connaissance des survivants de la vieille ville.
Un dernier musée/mine
En préparation pour quelques jours de visites dans le centre du Shanxi à la recherche de connaissances bien préliminaires d’une société fondée sur l’exploitation du charbon, nous nous dirigeons le 30 avril vers la seule mine en activité aoutour de Datong, et qui offre une visite de l’activité sous terre. C’est bien la mine que nous voyions la veille en visitant les grottes, une mine gouvernementale et la seule qui n’a pas été fermée dans la foulée des efforts de reconnaitre les impacts du charbon…
En arrivant, nous apprenons que la mine est fermée, mais qu’elle sera ouverte le lendemain, fête nationale du travail et journée où nous pensions quitter la ville pour rentrer à la campagne. Peine perdue, même en imagination: ils me permettent une entrée gratuite au musée, qui est ouvert, mais ils m’informent que toute personne agée de plus de 60 ans est interdite accès à la visite sous-terraine… Une visite du musée nous donne bien l’impression que nous ne trouverions pas de présentations intéressantes de toute façon avec la visite souterraine publicisée.
… et un dernier geste touristique
Nous abandonnons donc cette introduction souhaitée à l’activité minière et – face à un après-midi libre – nous décidons de suivre la suggestion des gens de l’hôtel, qui nous avaient déjà parlé de la Grande muraille… – à l’effet que le monastère bouddhiste Huayan mérite visite. Je sais d’avance que je ne sais pas comment rentrer dans une enceinte bouddhiste, ici davantage compliqué par les quelque trente édifices sur le site, et je me trouve aussi dépourvu cette fois-ci que lors d’autres tentatives. La plus vieille structure en bois de la Chine et un édifice où se trouve des reliques quelconques – dans une structure faite de plus de 100 tonnes de cuivre – impressionnent quand mëme…
Il s’agit d’une visite qui termine bien notre séjour à Datong. De l’intérieur du monastère nous voyons presque tout le tour un ensemble d’édifices des nouvelles-anciennes fortifications, l’entrée se trouve sur la rue commerciale qui constitue le seul lieu d’activité de l’ensemble et dont notre visite nous en a presque isolés pendant quelque temps. C’est le temps de partir, le lendemain matin, en apprenant qu’il n’y a plus de billets pour le train, et nous irons â notre prochaine destination en autobus local, ma préférence…
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