La fin de semaine du 20 au 22 octobre avait lieu à Montréal le colloque biennal de la Société canadienne d’économie écologique. Il y avait une assez bonne assistance (à l’édifice John Molson de l’Université Concordia) mais on apprenait lors de l’Assemble générale annuelle qu’il y avait moins de 100 personnes membres de la Société à travers le pays; on peut ajouter qu’il n’y a que quelques individus au Québec qui sont membres. Cela semble consacrer la situation au Canada, et partout dans le monde, où les économistes néoclassiques dominent dans les analyses, les calculs et les prises de décisions, cela en insistant sur le maintien de la croissance économique comme fondamentale pour la société.
Comme un économiste écologique ami m’a noté l’an dernier, en dépit des conclusions de cette discipline à l’effet que nous sommes en grave danger économique et social, tout semble se dérouler comme si nous étions (presque) dans le meilleur des mondes. Je le cite dans l’Avant-Propos de mon livre :
Concernant les crises, si je n’étais pas activement dans la recherche sur les problèmes écologico-économiques et donc si je ne savais pas que nous sommes en train d’épuiser nos stocks de capital, je ne saurais même pas qu’il y a des problèmes. Pour moi et pour la plupart des gens que je connais bien, la vie est belle, les écosystèmes locaux semblent en santé, la violence diminue dramatiquement (en regardant à l’échelle des siècles), les droits humains (homosexuels, femmes, etc.) s’améliorent, les gens pauvres (au moins aux États-Unis [où il enseigne] et même jusqu’à un certain point au Brésil [d’où il écrivait]) conduisent des autos et ont leurs cellulaires, etc., etc. En raison des longues périodes d’évolution des processus écologiques, la plupart des gens resteront largement inconscients de crises écologiques avant qu’elles ne soient presque irréversibles.
Cet économiste participait l’an dernier au colloque de la Société américaine de l’économie écologique et de celle de la Société de l’économie biophysique, et j’ai relu mon article dans le blogue sur cet événement pour alimenter ma réflexion sur ce qui s’est passé cette année. L’article présente un bon portrait de la situation qui m’a poussé à écrire le livre qui arrive, après presque deux ans de travail, et je suggère la lecture de l’article aux intéressées.
Pourquoi un livre?
D’une part, il y a tout le questionnement sur ce qu’il faut faire, ce que l’on peut faire, devant des connaissances montrant presque sans failles des catastrophes qui arrivent. Un atelier au colloque de l’an dernier intitulé «Pourquoi et comment l’économie écologique doit changer ses tactiques» n’a pas réussi à formuler des suggestions. Assez curieusement, un atelier avec sensiblement le même thème a eu lieu durant la dernière journée du colloque de Montréal cette année, avec plusieurs des mêmes acteurs – et avec le même résultat, la proposition de poursuite des approches qui sont reconnues comme ayant échoué.
C’est à noter que les «conclusions» des deux ateliers sur le changement de tactiques mettaient l’accent sur l’éducation comme une priorité; cela fait longtemps que nous l’essayons déjà. Les facultés de «sciences économiques» sont dominées partout par des économistes néoclassiques laissant une part minuscule pour les économistes écologiques et biophysiques, et de toute façon, nous n’avons plus le temps de nous permettre de planifier en termes de décennies.
D’autre part, comme dans les échanges dans la section des commentaires suivant l’article sur le colloque de l’an dernier, il y a cette insistance sur l’espoir et sur une approche positive. J’y suggérais que je ne vois pas comment l’effondrement qui s’annonce peut s’arrimer avec la «transition» tant souhaitée. Ce sentiment était aussi très présent au colloque de Montréal. Dans le livre, j’aborde le thème en suggérant qu’effondrement il y aura, dans l’ordre temporel des projections de Halte à la croissance, mais que cela ne nous laisse pas comme seule «réponse» l’abandon. Les deux-tiers du livre comportent (i) une esquisse de certaines situations qui constituent déjà des tendances vers une certaine transition, et (ii) des suggestions concernant des possibilités, finalement peu probables, quant à des interventions qui fourniraient les assises d’une nouvelle société toute entière.
J’écrivais en pensant à un commentaire fait il y a deux ou trois ans par un collègue dans le mouvement environnemental. «Harvey a raison dans ses critiques et ses analyses, disait-il, mais je ne changerai pas ma façon de faire tant qu’il ne me fournit pas des pistes de solutions.» Plus de la moitié du livre cible donc ce défi. En effet, clé dans la recherche de nouvelles tactiques dans la sensibilisation des décideurs et du public est une reconnaissance que nous sommes dans la trajectoire des projections de Halte à la croissance; il est temps de laisser dernière nous l’effort d’influencer les décideurs (et les économistes) complètement pris par le modèle actuel et de porter notre attention sur les gestes que nous pouvons poser pour mieux nous préparer pour son effondrement.
Et le concret…
En même temps, et de façon très concrète, plusieurs des analyses du livre aboutissent à une proposition fondamentale et clé pour la nouvelle société. Il nous faut abandonner l’automobile privée, j’y insiste: pour nous aider à réduire notre empreinte écologique à un niveau acceptable; pour constituer la pièce de conviction dans tout effort de notre part à agir en fonction des exigences du budget carbone développé par le GIÉC et qui constitue le seul espoir d’éviter des perturbations climatiques désastreuses; pour fournir un plan de match pour une nouvelle société moins prise par la frénésie de celle actuelle; pour reconnaître les énormes inégalités dans le monde qui font que des milliards d’êtres humains ne peuvent même pas penser posséder une auto, leur laissant comme options des mobylettes ou petites motocyclettes et des vélos et un système à plusieurs niveaux de transport en commun, public. Il faudrait appliquer à nous dans les pays riches aussi ce type de restrictions dans les moyens de transport, histoire de reconnaître que nous sommes des «gloutons» (terme utilisé par Yves-Marie Abraham).
Le livre part donc avec le constat d’un effondrement qui n’est nulle part appréhendé par le public et qui ne sera pas facilement «véhiculé» à celui-ci; il poursuit avec des propositions qui sont plutôt inconcevables pour ce même public. Cela m’amène à lancer un appel aux organismes de la société civile, environnementaux aussi bien que sociaux, à réorienter leurs approches dans le sens des constats du livre: ils savent déjà que leurs approches ne marchent pas, mais comme les économistes écologiques (et biophysiques), ils semblent presque paralysés face aux défis. L’abandon du véhicule personnel réunit plusieurs éléments de leurs interventions actuelles et la promotion de cette option offre du concret dans la nécessité de «changer de tactiques».
NOTE: Pierre-Alain Cotnoir a fourni dans un commentaire sur mon dernier article le lien pour un article intéressant écrit par l’ancien ministre français de l’Environnement Yves Cochet, qui aborde les mêmes problématiques que mon livre, mais pousse plus loin dans la réflexion sur le moyen terme…
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Je viens de terminer « Vivre dans un monde sans croissance: quelle transition énergétique? » de Michel J. F. Dubois. Collection L’époque en débat (2016). Si les constats sont pertinents, les solutions qu’il propose me semblent encore une fois plombées par un idéalisme assez peu crédible. Comme si les humains étaient dotés de cette capacité d’appréhender un danger dont il ne voit pas encore la prééminence. Nous nous comportons collectivement comme la grenouille de Jean Rostand. Aussi, je n’imagine pas que Harvey Mead tombe dans cette trappe d’une transition réfléchie et consensuelle, mais dont la mise en oeuvre reste complètement irréaliste. Alors qu’est-ce que j’attends de son livre? Qu’il dresse un portrait sans compromis, ni enjolivures de la situation dans laquelle notre civilisation thermo-industrielle se trouve engluée quitte à effrayer le quidam, mais qu’il souligne les causes qui l’ont produite et ce que nos survivants devront faire pour éviter d’y retomber. Qu’il esquisse sur quelles bases ils devront s’appuyer pour créer cette civilisation qui succédera à la nôtre.
Dans l’histoire géologique, je devrais dire paléontologique, de l’évolution du dernier milliard d’années, il y a eu plusieurs effondrements écologiques. Bien des espèces ont proliféré à outrance dans une niche écologique jusqu’au point où elles ont épuisé les ressources à la base de leur succès. L’homo sapiens par son extraordinaire capacité d’intelligence a repoussé les limites de l’utilisation des ressources requises dans son développement. Il a inventé la technologie : sa « niche écologique » est alors devenue la planète entière.
La question n’est pas de savoir si l’homo sapiens est assez intelligent pour comprendre la mécanique sous-jacente à l’effondrement écologique des espèces; il a cette capacité sans aucun doute. L’homo sapiens doit son développement au mode social qui est fondamental dans le succès phénoménal de son évolution. Ce n’est donc pas en tant qu’individu, mais en tant que société qu’il peut et doit agir une fois qu’il comprend ce qui lui arrive. Hélas le mode organisationnel que l’évolution sociale a créé pour notre espèce sapiens est, dans les faits, plus rigide et « moins intelligent » que le sapiens en tant qu’individu. Ce fonctionnement social s’est créé et s’est développé par la compétition économique entre les composants sociaux. Le plus performant l’a toujours emporté sur le moins performant ; le capitalisme l’a emporté sur le communisme, les sociétés démocratiques ont eu plus de succès économique que les autres. Notre modèle social, qu’on peut reconnaître comme infiniment plus complexe que celui des autres espèces qui se sont effondrées lors de crises écologiques, fonctionne cependant comme tous les autres dans l’évolution des espèces. Le notre comme les autres a comme moteur à sa base la croissance, le succès du plus performant. Ce modèle social n’est pas du tout adapté pour que l’espèce puisse gérer la crise. Bien que sophistiqué, il n’est fonctionnel que pour fournir la croissance. Il est inopérant pour choisir la décroissance. La résultante pour notre niche écologique sera son effondrement. C’est un « bug » fondamental dans les mécanismes de l’évolution : tout ce qui performe se développe et s’étend. Rien n’est prévu pour l’approche de la crise, celle de l’épuisement des ressources.
Je viens de lire Le dernier qui sort éteindra la lumière, où Paul Jorion réfléchit aussi sur l’extinction de l’espèce humaine. Je ne suis pas convaincu de ses arguments à cet égard, mais là de toute façon n’est pas mon propos. L’effondrement sur lequel je voudrais mettre l’accent en est de notre production industrielle, qui sera suivi par d’autres qui y sont liés – finalement, l’effondrement de notre société, voire de notre civilisation, n’est pas la même chose que l’extinction de l’espèce, et je crois que le survol de notre évolution fait ici est probablement trop simplifié; d’autres modèles que celui capitaliste me paraît possible. Il va falloir quand même que la société civile se réoriente pour préparer l’effondrement et ce qui lui succédera.
Je suis tout à fait d’accord pour admettre que l’effondrement de la niche écologique de notre espèce signifie avant tout un bouleversement fondamental dans son développement fondé sur le modèle actuel de la croissance dans un monde aux ressources et territoires qu’on percevait comme sans limites. Ce n’est pas le cas. La limite approche, et ce n’est pas l’espèce qui va disparaître; nos descendants vont s’adapter. Il seront contraints à des changements drastiques, mais les changements adaptifs ne seront perçus nécessaires qu’au moment du paroxysme de la crise.
Notre «niche écologique» est la planète, et elle ne s’effondrera pas. C’est plutôt une façon (parmi de nombreuses) de l’occuper qui est en cause. Je suis d’accord sur la probabilité qu’il n’y aura pas de réorientation de nos gestes adoptifs dans le court terme, et c’est dans le court terme qu’il faudra agir. Le livre cherche quand même à fournir des pistes, en espérant qu’il y aura de l’écoute par les groupes de la société civile.
À Marc Durand – J’abonde dans le même sens que votre diagnostic, mais avec le nuance suivante que vous pouvez lire à l’adresse suivante
http://bit.ly/2rnAvua
Marc Durand écrit ci-haut : «Bien que sophistiqué, il (notre modèle social) n’est fonctionnel que pour fournir la croissance. Il est inopérant pour choisir la décroissance. La résultante pour notre niche écologique sera son effondrement.»
Non seulement notre niche écologique s’effondrera – elle s’effondre d’ailleurs déjà –, mais notre technosphère thermo-industrielle périclitera. Non pas, je crois, en raison des impacts du réchauffement climatique sur nos infrastructures (agriculture et élevage intensifs inclus), mais en raison de l’épuisement progressif et inéluctable des hydrocarbures fossiles et des minerais… et du trop faible EReOI des énergies dites renouvelables. Notre technosphère – et l’économie qui la supporte et en dépend – ne peut opérer sans une gigantesque quantité d’énergie à haut rendement et à bas prix. De même pour les minerais dont certains dits « critiques » ou « stratégiques ».
De plus, je crois – c’est plus une intuition qu’une certitude fondée sur des observations et la méthode scientifique – que notre technosphère peut, en bonne partie, se passer des services écosystémiques, et pour encore bien longtemps. Les populations de grands mammifères déclinent ? So what ?! Celles des poissons, des oiseaux et des insectes aussi ? So what ?! Car prenons pour exemple une mégapole telle celle de New Delhi qui vit en plein smog depuis quelques jours (ou Los Angeles ou Singapour) : il n’y a dans ces agglomérations immenses nulle « nature » et, pourtant, leurs activités effrénées, denses, voraces en matériaux et en énergie perdurent. Elles syphonnent évidemment leur énergie et leurs matériaux de leur périphérie proche ou immensément éloignée. Ce que l’on nomme l’empreinte (ou la charge) écologique. Pourtant, leurs fournisseurs proches et lointains… fournissent toujours. Et c’est en raison de cela même – « la nature, on ne la voit pas, on s’en fiche, nous n’en avons nul besoin ! » – que notre technosphère s’effondrera : sans combustibles fossiles et minerais (qui sont eux aussi de et dans « la nature ») tout s’arrêtera, « ou presque ». Et non pas en raison de la disparition des éléphants d’Afrique, des poissons, des merles bleus ou même des abeilles.
À savoir ce que sera ce « ou presque », je n’en ai nulle idée… si ce n’est que les mieux positionnés sur Terre et les mieux outillés pour cultiver et passer l’hiver (ou la saison des pluies ou les sécheresses) survivront. Quel que soit le système politique alors en place en ces lieux plus ou moins fertiles et plus ou moins paisibles.
Que devrions-nous faire ? Sans doute apprendre à nos enfants, par l’exemple, à cultiver un petit ou grand jardin. Et à en partager les récoltes avec les voisins. 😉
À Paul Racicot Quelques doutes de la part d’un éthologue concernant la survie de la technosphère sans poissons et sans abeilles. D’une part, les ressources halieutiques nourrissent près de la moitié de l’humanité directement ou indirectement (ne pensons qu’aux farines de poissons utilisées intensivement par l’élevage); d’autre part, pas d’abeilles, pas de pollinisation des céréales assurant la survie d’au moins l’autre moitié de l’humanité. Par ailleurs, plus une société devient complexe et plus elle doit compter sur l’apport de ressources extérieures pour son maintien (voir Joseph Tainter L’effondrement des sociétés complexes, 1988), plus particulièrement des ressources énergétiques. Or comme vous le mentionnez, celles-ci voit leur rendement énergétique décroître alors que leur empreinte écologique augmente. Nous allons sous peu rencontrer le point de bascule où le rendement énergétique devient insuffisant pour assurer le maintien des services, c’est d’ailleurs l’une des prévisions du livre de Meadows et Randers. Bref, il me semble que le système économique va dans un premier temps se gripper sérieusement avant que les dérèglements climatiques ne s’abattent sur l’humanité.
À Pierre-Alain Cotnoir.
«La pêche de capture et l’aquaculture ont fourni au monde environ 106 millions de tonnes de poisson en 2004, ce qui équivaut à un apport de 16,6 kg par individu (poids vivant). Le poisson a surtout permis à 2,6 milliards de personnes de recevoir au moins 20 % des apports journaliers recommandés en protéines animales.» Topo qui date tout de même de 2004… Mais ça donne une idée : 16,6 kg par hab. par année, ça se remplace, non ? Évidemment, pour les 2,6 milliards de personnes qui consomment 20 % de le leurs protéines journalières en produits halieutiques, c’est moins évident. Mais ce ne sont que… 2,6 milliards de personnes sur environ 6,4 milliards (2004). Comme quoi, s’il y a effondrement, tous ne vont pas mourrir de faim, faute de poissons et de crustacés. Je sais, je suis plutôt cynique. Pour ce qui est de la part de protéines halieutiques dans la bouffe des animaux d’élevage, elle demeure somme toute mineure (poissons d’aquaculture exclus, car là…).
Pour ce qui est d’une éventuelle extinction des abeilles, hé bien, il y a d’autres pollinisateurs. Et toutes les plantes cultivées ne nécessitent pas la pollinisation via des butineurs : «Plus de 70 % des cultures (dont presque tous les fruitiers, légumes, oléagineux et protéagineux, épices, café et cacao, soit 35 % du tonnage de ce que nous mangeons) dépendent fortement ou totalement d’une pollinisation animale. 25 % des cultures pourraient s’en passer, mais il s’agit essentiellement de BLÉ, MAÏS et RIZ.» Donc, pour ces céréales qui constituent une forte part de l’alimentation humaine, pas de problème. «Pour 5 % des plantes cultivées, les scientifiques ne savent pas encore si elles dépendent ou non de pollinisateurs. Selon une étude publiée en 2015, les grands champs agricoles sont à 80 % pollinisés par seulement 2 % des espèces d’abeilles sauvages.» «Environ 10 % des espèces s’en remettent au vent pour assurer leur pollinisation, parmi lesquelles figurent les graminées (dont le blé, le maïs et le riz) et la plupart des gymnospermes.»
Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pollinisation
En aparté, je ne doute nullement que les insectes nous survivront : ils existent depuis 420 millions d’années, ils en ont vu d’autres. 😉
L’un de mes contacts FB écrivait : «Le problème n’est pas que nous allons manquer d’hydrocarbures, mais que nous en avons encore trop», évoquant ainsi la problématique du réchauffement climatique. J’avance donc que les conséquences de la déplétion des hydrocarbures sur l’économie mondiale « s’additionneront » à celles des impacts climatiques croissants pour former une tempête parfaite (« a perfect storm »).
D’autre part, je termine tranquillement la lecture de «Notre empreinte écologique» de William Rees et Mathis Wackernagel, écosociété, (1996, 1999, 2009, 2017). Je me dis que « C’est bien beau, tous ces calculs, ces principes, ces recommandations, mais tout le monde – ou presque – s’en fiche. Tout pour la Très-Sainte-Croissance ! En avant toute ! » 😉
A+
De son propre aveu, Paul Racicot propose que la production industrielle va manquer de ses intrants énergétiques et matérielles dans l’assez court terme; ses réflexions sur le potentiel des écosystèmes, dont ceux liés à la survie humaine, me paraissent donc accessoires aux défis principaux qui arrivent – et difficiles à évaluer. Mon soupçon est que les propos de Pierra-Alain Cotnoir sont quand même plus convaincants quant aux interrelations entre les humains et l’ensemble des écosystèmes. L’effondrement va comporter des perturbations des écosystèmes, mais ceux-ci évolueront selon les conditions (pour revenir aux propos de Marc Durand). Je crois que la priorité est de commencer sérieusement à concevoir une nouvelle société et à travailler à sa venue à travers l’effondrement, cela en ciblant un mode de vie beaucoup plus simple que celui que nous connaissons. Et cela risque bien de comporter la disparition d’une bonne partie de la population humaine…
À Paul Racicot – Du temps où j’étudiais l’écologie durant la décennie 70, j’avais appris que les anchois constituaient un apport majeur pour la production de farine animale servant en élevage intensif. L’effondrement de cette pêche en 2014 (voir http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2014/12/09/au-perou-la-disparition-des-anchois-deroute-les-scientifiques_4537238_1652692.html ) a sans doute mis un frein sérieux à cette braderie, malgré des tentatives venant trop tard (2009) afin d’en sauver l’industrie.
Pour ce qui concerne la pollinisation par les abeilles, je me suis mal exprimé. Vous avez en bonne partie raison, mais il faut savoir que pas moins 40 % des produits alimentaires contenus dans notre assiette proviennent indirectement ou directement du travail des abeilles par la pollinisation des fruits, légumes et autres plantes dont les oléagineux. Qui plus est, même si le pollen produit par le maïs est de mauvaise qualité pour les abeilles et que le maïs ne donne pas de nectar, les abeilles vont toutefois le butiner quand il demeure la principale plante disponible dans les champs environnants. Pire encore s’il est transgénique et aspergé de néonicotinoïdes, il va contribuer à les décimer.
Par ailleurs, il est assez paradoxal de lire des auteurs comme Max Tegmark, astro-physicien de renom, prédire dans son dernier livre « Life 3.0 » que la technologie viendra sauver la civilisation thermo-industrielle grâce notamment à l’intelligence artificielle. Comme si la métastructure informatique n’était pas un géant au talon d’argile ou plutôt d’énergie fossile, devrais-je écrire, car celle-ci compte toujours pour plus de 80% de la consommation mondiale. Or la complexité que requiert le développement de ces réseaux implique une augmentation de la consommation d’énergie, donnant ainsi raison à Tainter et Patzek cité par Drolet plus bas dans ce blog.
À Pierre-Alain Cotnoir.
Je vous remercie pour ces précisions.
Pour ce qui est de l’I.A., elle me remémore la transformation des services opérée par le développement et l’implantation de l’informatique et de la télématique (processeurs et programmation, satellites et tours de télécom, câble et fibre optique, etc.) dans presque tous les secteurs économiques et… à l’échelle mondiale.
Et, que je sache, «les gains procurés» ne nous ont sauvé de rien… si ce n’est que les modélisations informatiques de la météo et du climat sont désormais sans nul doute plus précises. 😉
A+
Tainter et Patzek dans Drilling Down ont cet intéressant constat: « contrary to what is often suggested in debates about energy, climate, and our future, it is usually not possible for a society to reduces its consumption of resources voluntarily over the long term. To the contrary, as problems great and small inevitably arise, addressing these problems requires complexity and resource consumption to increase. » Croire que nous pouvons survivre à long terme avec moins d’énergie per capita, ajoutent-ils, c’est assumer que le futur ne présentera pas de problèmes.
J’ajouterais simplement que notre survie risque bien d’être dans un cas d’une simplification radicale de celle que nous connaissons actuellement…
Bonsoir Harvey,
En ce qui me concerne, j’ai perdu espoir dans la guerre au CO2 par les moyens d’atténuation habituels. C’est pourquoi je reste dubitatif par rapport à votre scénario de l’abandon de la voiture privée comme mesure concrète. Si je suis convaincu qu’il faille modifier fondamentalement notre rapport à la mobilité, je doute que ce soit la voie la plus efficace en termes d’impacts rapides (2050, c’est demain!). Votre livre adresse-t-il l’option de CH4 comme cheval de bataille ayant plus d’impact (sur un horizon de 20 ans, le CH4 a un potentiel de réchauffement d’environ 75 fois par rapport au CO2).
Je vous invite aussi à lire l’excellent livre de Bruno Latour (2017) « Où atterrir », sorti il y a quelques semaines en France, qui plaide lui pour un changement radical des affects liés à la lutte aux changements climatiques. http://www.editionsladecouverte.fr/catalogue/index-O___atterrir__-9782707197009.html
Ni le livre ni mes articles ne cherchent à fournir des suggestions concernant le combat pour éviter les changements climatiques catastrophiques. Comme je propose dans le livre, cette bataille-là est perdue, nos sociétés (et surtout nos gouvernements et leur préoccupation pour le maintien de notre système économique avant toute chose) n’étant pas en mesure de poser les gestes nécessaires. C’est «trop tard» pour cette bataille.
Le livre porte sur un effondrement de notre système socio-économique et la nécessité de chercher à poser des gestes qui pourront favoriser des moyens pour passer à travers. L’effondrement va «régler» jusqu’à un certain point le défi des changements climatiques, sans que nous agissions pour cela. Dans cet article-ci, je fournis quatre raisons pourquoi l’abandon de la voiture personnelle rentre dans le grand portrait et le grand défi; cela aiderait dans le combat contre les changements climatiques, mais cela est presque secondaire, du moins, une de quatre raisons pour poser le geste.
Parfait, merci de votre réponse. J’attendrai donc de lire votre bouquin avant de me prononcer plus avant.
« CH4 a un potentiel de réchauffement d’environ 75 fois par rapport au CO2 »? Quelle sont vos sources?
Un coup d’oeil à la figure 2.4 p.56 du document « Radiative Forcing of Climate » https://www.ipcc.ch/ipccreports/far/wg_I/ipcc_far_wg_I_chapter_02.pdf m’indique que cette question du CH4 est une faible critique de la proposition d’Harvey d’abandonner la voiture individuelle.
Quant à Latour, il affirme « L’hypothèse est qu’on ne comprend rien aux positions politiques depuis cinquante ans, si l’on ne donne pas une place centrale à la question du climat et à sa dénégation. » ouff, comme disent les ado, « pas rap ».
Il n’y a rien de fondamentalement changé dans les « positions politiques » de l’homo sapiens sapiens depuis 50 ans. Et la crise climatique n’est qu’un révélateur des comportements sociaux humains, elle n’est pas du tout centrale.
Tiens, moi aussi je vais écrire un livre.
Je penses pour ma part que Latour dans Où atterrir ? vise juste avec le néolibéralisme, qu’il s’agit d’une stratégie des 1% ou moins, de vivre leur propre vie et leurs propres finalités dans l’entre soi, d’abandon du reste du monde en maintenant l’économie hors sol et en s’isolant sur un sol espéré inaccessible.
À la page 150 de son Trop Tard, Harvey souligne que Jean Gadrey a aussi grosso modo cette explication.
Sachant ce que savait Exxon du réchauffement climatique il y a déjà 60 ans, il y a certainement des sphères de l’actuel système propriété / pouvoir qui se sont mis à l’oeuvre afin de canaliser et structurer par les chocs de la finance, les moyens de cet entre soi, quitte à se faire extra-terrestre, exprimant une volonté de ne plus être Terrestre.
C’est un fait archi connu, même s’il y a une certaine variation dans les estimations. C’est sur le « Global Warming Potential’ qu’il faut se focaliser (et non pas le « radiative forcing ». Par exemple https://olis.leg.state.or.us/liz/2015R1/Downloads/CommitteeMeetingDocument/56962 ou tout autre recherche sur Google. Le 75 est sur une période de 20 ans.
Pas rap? Vous n’avez certainement pas lu Le dernier livre de Latour pour affirmer cela. Je vous invite à le lire quand il sera dispo au Québec. (Je l’ai acheté en France). En attendant, on peut avoir une idée du propos de « Où atterrir » ici: https://www.franceinter.fr/emissions/la-tete-au-carre/la-tete-au-carre-17-octobre-2017 ainsi que son entrevue dans le Nouvel Obs.
Bonjour Harvey,
Je suis à lire votre Trop Tard. À titre indicatif, puisque je ne ferai encore aucun commentaire, j’en suis à la page 145.
Je voulais simplement transmettre cette conférence vidéo d’Éric Pineault. Il faut entendre ce qu’il dit à 29m45s sans mentionner les impacts des rendements décroissants, en insistant donc sur les inerties face au climat.
https://www.youtube.com/watch?v=ipD9oxuK7xQ&feature=youtu.be
Selon Éric Pineault ***, au rythme de consommation actuel, nous disposerions de pétrole conventionnel (des réserves actuellement exploitables à un prix relativement bas) jusqu’en 2060… mais en ne comptant pas la croissance de la consommation de la Chine et de l’Inde en pétrole… Ajoutons l’Afrique, le Sud-Est asiatique, etc. ? Resteront les réserves éventuellement exploitables. Alors… 2050 ?
L’échéance importe peut-être peu (certainement avant la fin de ce siècle), tous ces hydrocarbures devant être consumés à raison de plusieurs gigatonnes par année, causant ainsi les dommages conséquents sur la biosphère et nos infrastructures (agriculture-élevage inclus). Que deviendra l’Europe sans le gaz naturel ? Sa transition énergétique aura-t-elle abouti à temps ? Et avec quels résultats sur sa productivité et sa qualité de vie ? Notre agriculture intensive pourra-t-elle se passer des engrais azotés tirés de l’azote de l’air et de l’hydrogène du gaz naturel ?
Comme tu me l’écrivais il y a de cela quelques années déjà : «Le problème n’est pas que nous allons manquer de pétrole (et autres hydrocarbures fossiles), mais que nous avons trop.» 😉
*** À 29m45s de https://www.youtube.com/watch?v=ipD9oxuK7xQ&feature=youtu.be
J’au dû être distrait pour la partie de la présentation de Pineault où il proposait que le pétrole déjà accessible pourra maintenir la production jusqu’en 2060 (aux niveaux actuels?). Pour les sables bitumineux, il semble clair que les projets pour lesquels les investissements sont déjà engagés pourront continuer avec un coût de production capable de vivre avec le bas prix, mais ce ne sera pas le cas pour de nouveaux projets; je soupçonne que je confondais en écoutant la présentation d’Éric ses propos, sur la situation mondiale, avec la situation dans les sables bitumineux. Finalement, Éric me fournit comme référence le World Energy Outlook 2016 de l’Agence internationale de l’énergie, dont le sommaire est accessible en ligne.
Il fournit aussi un article de Bloomberg qui en esquisse certains paramètre, en concluant que le boom dans le schiste va durer, comme je comprends depuis assez longtemps, entre 5 et 10 ans, mettant en question le long terme du «boom» dans le titre de l’article; je ne suis pas sûr de voir le lien avec le WEO 2016..
Je n’ai pas encore lu le sommaire du WEO en question, mais toutes les sources que j’utilise sont extrêmement critiques du travail de l’AIÉ en termes de projections et d’analyse, et je suis surpris qu’Éric semble l’utiliser directement pour aboutir aux propos qu’Alain Vézina a soulignées et que j’ai manqués lors de la conférence. Une présentation de 2014 très intéressante, par Steven Kopits, sur l’approche des agences dans leurs projections mérite écoute: « Oil and Economic Growth: A Supply-Constrained View » est le titre de son PowerPoint.
Dans le chapitre 2 du livre, sur l’échec du mouvement environnemental devant l’imminence de l’effondrement, je présente ma compréhension de la situation en utilisant des projections de l’AIÉ (2008) en portant le jugement qu’elles sont imaginaires pour ce qui est de fournir une production et un approvisionnement à l’avenir au-delà du court terme. Pour cette compréhension de mes sources (entre autres, justement, le livre Drilling Down mentionné par Charles Drolet dans son commentaire plus haut), je crois que nous sommes devant un déclin important de la production d’ici 2030.
Les conséquences de ce différend avec Éric Pineault sont importantes, et j’en parlais dans ma conférence d’hier soir (le 15 novembre), qui suivait la sienne du 25 octobre pour laquelle Alain Vézina fournit le lien plus haut. Mon prochain article pour le blogue comprendra le lien pour le PowerPoint de ma présentation.
Un lien vers le WEO 2017 (publié début novembre) :
https://www.iea.org/weo2017/
N.B. Les projections de l’IEA me sont toujours apparues comme franchement très optimistes. Mais bon… je peux me tromper.
Bonjour
Compte tenu du fait que plusieurs populations ne sont pas prêtes à faire des sacrifices pour protéger l’environnement et que par le fait même les gouvernements qui prônent cette protection ne parviennent pas à rester suffisamment longtemps au pouvoir pour imprimer le changement nécessaire, que doit-on faire? La démocratie ne semble pas être le véhicule politique qui peut amener ce changement, alors quoi faire?
Je propose dans le livre qu’il est trop tard pour penser que d’autres interventions du type entreprises par la société civile depuis des décennies constituent la bonne réponse à la situation. Ces interventions cherchaient et cherchent toujours à mitiger les impacts du développement économique, et l’effondrement dont il est question est celui du modèle économique en cause. Les parties deux et trois du livre suggèrent de nouvelles interventions cherchant à contribuer à l’arrivée d’une nouvelle société avec un tout autre modèle économique (ÉSS). Que les gouvernements actuels soient démocratiques ou non, ils sont tous acquis au modèle économique en voie de disparition (mon argument, loin d’être évident pour nous dans la vie de tous les jours…) et ne constituent pas vraiment une cible pour les interventions. Reste que les gouvernements qui vont venir avec la transformation radicale de toute la société, avec d’énormes perturbations possibles, seront probablement obligés d’abandonner leur adhésion au modèle actuel et seront à la recherche de la nouvelle société autant que la population même.
Bref, je consacre une bonne partie du livre à des efforts de suggérer de toutes nouvelles interventions par la société civile. Ceci est consacré par une annexe présentée en forme de communiqué de presse où je verrais la société civile annoncer ses nouvelles orientations…
Bonsoir M. Mead.
Je viens d’écouter l’émission Les Éclaireurs à Radio-Canada. Je ne vous connaissais pas. Je me suis donc dépêché de trouver votre site Internet pour mieux comprendre ce que vous disiez lors de l’entrevue radiophonique. Je viens de lire votre blogue et les commentaires qui suivent. Je vais partager avec vous deux approches que je connais bien et qui peuvent contribuer certainement à un plus grand éveil devant l’effondrement déjà en cours. Ces deux approches ont rapport à l’éducation et au développement de la conscience.
Je pratique l’agriculture biologique depuis plusieurs années sur de petites surfaces dans la ville de Saint John, NB. J’ai contribué à mettre sur pied de modestes jardins communautaires et des projets d’enseignement du jardinage biologique aux enfants. Il y a beaucoup à faire. Il y a quelques années, un bénévole de 84 ans qui vit à Memramcook (NB) et qui a cultivé son potager au même endroit pendant 72 ans m’a dit ceci: « D’ici peu de temps les gens qui veulent survivre n’auront pas le choix. Ils devront se remettre à jardiner ». Je suis d’accord avec lui. Mon père était maraicher et il disait exactement la même chose pour les mêmes raisons.
Je vis depuis vingt ans dans une province qui importe près de 80% de ses produits alimentaires. C’est très dangereux et je le répète à mes étudiants et étudiantes qui sont des fonctionnaires du gouvernement provincial. La plupart sont des femmes. Elles savent au moins intuitivement que j’ai raison. Ensemble nous réfléchissons aux façons de mettre sur pied de petits projets d’éducation dans ce domaine où elles pourraient participer, même si c’est déjà difficile pour elles concilier le travail, les responsabilités familiales et un peu de loisirs.
Depuis 1973, je pratique le programme de Méditation Transcendantale de Maharishi (MT) et je l’ai enseigné à temps plein pendant 28 ans depuis 1976. Grâce à ce programme, j’ai appris à faire moins pour accomplir davantage. L’attention des êtres humains est malheureusement tournée presque exclusivement vers l’extérieur alors que notre potentiel intérieur est sous-développé. Présentement, plusieurs pays de l’Amérique du Sud sont en train de nous faire la leçon. Il y a quelques centaines d’écoles où les enfants et adolescents ferment les yeux pendant quelques minutes deux fois par jour pour méditer. Ils font l’expérience de l’état le plus apaisé, le plus ordonné et le plus créatif de l’esprit humain. La pratique en groupe de ce programme a des effets merveilleux sur leurs capacités d’apprentissage, sur leur santé et leur comportement social.
Nous avons poursuivi la fichue croissance en utilisant un faible pourcentage de nos capacités. Au moins 85% du potentiel humain est dormant. C’est pourquoi, nous continuons de faire des erreurs très coûteuses. Quand je vois ces groupes d’enfants qui développent chaque jour leur potentiel de façon systématique, je suis confiant pour le futur malgré toutes les catastrophes liées à l »effondrement de nos sociétés matérialistes.
Je suggère dans la deuxième partie du livre que, justement, un «retour à la terre» et une agriculture paysanne vont s’imposer pour une bonne partie de la population. J’ai pu faire référence à ce jugement brièvement lors du programme, mais je suis surpris que vous ayez quitté l’écoute du programme avec une volonté de poursuivre, tellement il me semblait que ma présentation n’avait pas réussi à paraître sérieuse.
Je deviens assez préoccupé par l’état d’esprit qui se développe chez les jeunes qui sont branchés sur leurs cellulaires en permanence, distraites en permanence. J’ai déjà fait de la méditation il y a longtemps (y compris le cours d’initiation), pour découvrir que des petits sommes semblent me convenir plus naturellement! Il me semble clair que dans une nouvelle société, où une activité personnelle et sociétale moins frénétique va presque s’imposer, une nouvelle approche à la vie va être importante. J’essaie d’en aborder quelques aspects de ceci dans la troisième partie du livre.
Bonsoir M. Mead,
En vous écoutant hier soir, je n’ai pas eu l’impression que votre initiative était farfelue. Au contraire, si j’ai pris le temps de chercher votre site sur la Toile et de lire votre blogue, c’est que je voulais en savoir davantage sur vos travaux et votre carrière. Vous avez patiemment poursuivi le même objectif pendant de nombreuses années et je pense que vos efforts ne seront pas vains. Il y a aura effondrement. Il est déjà en cours. Beaucoup de personnes en sont conscientes et elles se préparent à traverser cette étape de transition sans subir de dommages considérables. Je pense qu’une des bonnes façons de nous y préparer est d’entrer dans le courant de simplicité volontaire pour le faire grandir.
Dans mon enfance, mon père me disait que la nature est un grand jardin que nous ne prenons pas le temps de connaître. Beaucoup de nos mauvaises habitudes de vie limitent nos perceptions et nous empêchent de voir que les aspects les plus subtils de la nature sont aussi les plus puissants. Je connais personnellement des jeunes qui ne sont pas étourdis par le mirage de la technologie et des médias sociaux. Ils en voient les limites et les dangers. Ils sont très attentifs.
En chimie, les liens de covalence sont les plus forts et les plus durables. Cela nous encourage à partager et à enrichir ce que nous avons déjà en commun. Nous avons grandi avec cette croyance qu’il y avait beaucoup de compétition dans la nature. Aujourd’hui, nous commençons à voir de la complémentarité là où nous avions vu de la compétition. Je crois que les femmes vont aider l’humanité à traverser l’effondrement et à formuler des façons de vivre plus évolutives. La majorité de mes étudiants sont des femmes et elles me font découvrir tous les jours de nouvelles perspectives par leurs questions et leurs intuitions. Ça me garde jeune et confiant.
Je me propose de lire votre livre le plus tôt possible.
Là où je voulais en venir avec mon questionnement c’était de savoir s’il serait opportun de déclarer l’état d’urgence et de suspendre les prochaines élections fédérales afin de donner toute la latitude nécessaire au gouvernement pour poser les gestes nécessaire à la sauvegarde de l’environnement sans se soucier de la prochaine élection , comme ça se produit parfois dans les situations de déclaration de guerre.
Ce faisant, cette action montrerait à la population toute l’importance de la situation.
Il me semble clair que ni le gouvernement fédéral, qui dès le début regrettait l’abandon (dans le temps) de Keystone XL et insistait sur l’importance d’Énergie Est (cela venant de Stéphane Dion et de Trudeau) et se montre plus que favorable au maintien du développement des sables bitumineux, ni le gouvernement provincial, qui veut développer tout ce qui pourrait être développé en matière d’énergie fossile ici (très hypothétique) et qui ne se montre nullement conscient des enjeux de fond (y compris les changements climatiques), ne saurait que faire s’il restait au pouvoir – sauf peut-être se réjouir d’être débarrassé des interventions mettant en évidence les problèmes. Si seulement les groupes environnementaux, après l’échec de la COP21 qu’ils ne reconnaissent pas comme échec, étaient revenus de Paris avec le sens qu’il fallait se mettre en mode de guerre…
La politique étant ce qu’elle est, nécessairement que Dion et Trudeau n’allaient pas se mettre l’ouest du pays à dos en s’opposant à Énergie Est et à Keystone XL, il était donc de bonne guerre d’introduire la notion d’acceptabilité sociale pour justifier l’abandon d’Énergie Est… Quant à Keystone XL, il est actuellement dans les griffes du Nébraska.
Et il ne faut pas sousestimer la détermination des groupes environnementaux, qui ont compris l’importance de s’unir aux Amérindiens pour lutter contre le délire du système économique voulant qu’il ait préséance sur l’environnement.
À voir la victoire qu’ont obtenue les autochtones des États Unis pour la protection de leurs territoires, en obtenant d’un juge fédéral une étude d’impact sur le passage d’un oléoduc, le vent semble tourner en faveur de la protection de l’environnement. http://www.lapresse.ca/environnement/economie/201706/15/01-5107724-etats-unis-un-juge-ordonne-une-etude-sur-un-oleoduc-controverse.php
À partir du moment où on acquiert le système judiciaire pour protéger l’environnement, on a un grand pas de fait. Il est bien évident que si la société civile et les groupes environnementaux ne se sentent pas appuyés par de hautes instances, ils perdent le goût de se battre.
Je suggère dans mon livre et dans un article du blogue commentant le livre de Normand Mousseau qu’il n’y aucune raison pour les groupes de se sentir appuyés par les hautes instances des gouvernements. Ils peuvent bien poursuivre avec leurs interventions, comme vous esquissez, mais cela n’a rien à voir avec l’idée de suspendre les élections pour donner plus de pouvoir à ces instances.
Une victoire qui est une faible consolation: le DAPL a été construit et il est opérationnel. Les camps de Sacred Stone et Oceti Sakowin ont été démantelés, les manifestants mutilés, le tout dans la plus grandes indifférence des MMS. Et « It is estimated that over 140 protesters, many of whom live in poverty, face felony charges and bonds of $1,500 each ».
Je précise: DAPL = Dakota Access Pipeline, soit l’oléoduc concerné par le jugement salué par M. Boutet. Les camps de protestation étaient établis par les amérindiens de la tribu Standing Rock Sioux. MMS = média main stream. Pour les mutilations, je vous réfère au calvaire de Sophia Wilansky (entre autres victimes) https://www.facebook.com/SophiaWilanskySupport/. Pour l’incurie des média, vous pouvez lire mes commentaires de l’époque https://www.google.ca/search?q=site:www.ledevoir.com+raymond+lutz+sioux
Merci à Raymond Lutz pour les liens offerts. J’y ai trouvé ma prochaine lecture… soit le livre de Pablo Servigne portant sur l’Entraide que je viens d’acheter en version numérique chez libraires.ca
J’ai visionné aussi les deux vidéos suggérées: le pamphlet militant de Derrick Jensen et le cauchemar métaphorique de Lubomir Arsov. Je conseille à tous de s’y arrêter.
Concernant le silence des médias sur le livre de Harvey Mead. Je pense tout comme lui qu’il faut leur laisser le temps de le lire et d’en digérer le contenu. Mais en attendant, rien ne nous empêche d’en faire la promotion…
Je précise: DAPL = Dakota Access Pipeline, soit l’oléoduc concerné par le jugement salué par M. Boutet. Les camps de protestation étaient établis par les amérindiens de la tribu Standing Rock Sioux. MMS = média main stream. Pour les mutilations, je vous réfère au calvaire de Sophia Wilansky (entre autres victime) https://www.facebook.com/SophiaWilanskySupport/. Pour l’incurie des média, vous pouvez lire mes commentaires de l’époque https://www.google.ca/search?q=site:www.ledevoir.com+raymond+lutz+sioux
Petite question: Est-il possible d’obtenir votre livre en format PDF?
J’ai acheté votre livre mais je trouve le format PDF plus simple à utiliser lorsqu’on souhaite citer des passages dans les média sociaux… copier coller est plus convivial que réécrire des passages complets.
Écosociété…par téléchargement de PDF
En marge de la lecture du livre de Harvey Mead, je vous suggère de voir quatre courtes vidéos réalisées cette année avec Dennis Meadows interviewé en Hollande à l’adresse suivante: https://www.youtube.com/watch?v=b7lmh5XVRW0
Pour les lecteurs de ce blogue : Un livre résolument « utopiste » sur ces sujets (et bien d’autres, l’auteur déborde amplement): Aymeric Caron « Utopiste ». Arrivera au Québec en janvier.
http://www.renaud-bray.com/Livres_Produit.aspx?id=2222499&def=Utopiste%2CCARON%2C+AYMERIC%2C9782081383760
F. Delorme
PS: Harvey, un de mes commentaires semblent toujours en attente…
Votre dernier commentaire, du 15 novembre, disait que vous alliez attendre lire le bouquin avant d’aller plus loin dans les commentaires. Ici, vous ne nous donnez pas de raison de vouloir lire le livre de Caron, autre que pour suggérer que lui est optimiste…
MISE À JOUR le 31 janvier. C’est silence radio depuis cette note (je n’ai jamais trouvé de commentaire égaré), lui et son épouse Josée Blanchette sont allés en France où Blanchette a rencontré justement Caron et en a fait le sujet de sa chronique à son retour des vacances. Ni l’une ni l’autre ne semble avoir des commentaires sur le livre, une fois celui-ci lu…
Un diaporama de l’ASPO allemande.
https://drive.google.com/file/d/1LHJA7HM4sFWBeXsmYy7420IpURQTpucB/view
Je fais un survol des media avec Google et la sortie de votre livre a été superbement ignorée. Signe des temps?
La plus grande visibilité étant votre passage à Radio-Can. Les média n’ont qu’une préoccupation: les revenus de publicité. Les mauvaises nouvelles de cette importance (la fin d’un monde) ne sont pas vendeuses. Exit , donc.
Paul Jorion avait le même problème en Europe. Mais progressivement la concordance des voix force l’attention. Pablo Servigne (de « Comment tout peut s’éffondrer, Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes ») a fait son deuil (il est jeune papa!) et prépare « l’après » en insistant sur l’importance de la coopération et de l’entraide dans tous les écosystèmes cf « Entraide, l’autre loi de la Jungle » (éditions LLL, nov 2017) http://www.dailymotion.com/video/x66ihky
L’homme moderne (sédentaire, agraire et a fortiori industriel) doit se retirer, humblement, en tentant de ne pas plus encore casser de pots lors de sa sortie. Cherchant le sens accepté des termes « écologie palliative », j’ai découvert https://deepgreenresistance.fr
Les prémisses présentées sur leur site sont sans équivoque… Exemples choisis:
A-Notre mode de vie — la civilisation industrielle — est fondé, requiert, et s’effondrerait très rapidement sans une violence étendue et permanente;
B-Les besoins du monde naturel sont plus importants que les besoins du système économique;
C-Ceux au pouvoir règnent par la force, et plus tôt nous nous affranchissons des illusions qui prétendent le contraire, le plus tôt nous pourrons au moins commencer à prendre des décisions raisonnables sur si, quand, et comment nous allons résister;
D-L’amour n’implique pas le pacifisme.
Ouf!, comme disait l’autre, « There Will Be Blood »… le film qui explore justement la folie de l’explosion industrielle pétrolière US (avec Daniel Day-Lewis, 2007) sortez le popcorn…
Parlant de film, en voici un qui illustre magistralement les vices de notre époque: on dirait « 2001 A Space Odyssey » qui rencontre « Mia et les Migous », « l’Homme unidimensionnel » et « Le meilleur des mondes »: https://vimeo.com/242569435 , lui aussi se termine avec un certain espoir…
Il y a plusieurs journalistes qui sont sensibilisés aux enjeux que je présente dans le livre. Je ne m’attendais pas à des interventions de leur part avant lecture du livre, et j’espère donc voir quelque chose sortir d’ici – mettons – une semaine ou deux. J’insiste dans le livre sur la nécessité, pour qu’il y ait des suites, que la société civile, dont mes anciens collègues du mouvement environnemental, prennent l’initiative – peu importe une importante couverture par les médias, ou son absence. Cette couverture ne dure qu’un moment, et la préparation doit se poursuivre dans les années qui viennent.
L’homme moderne est «agraire et a fortiori industriel»?
Merci à Raymond Lutz pour les liens offerts. J’y ai trouvé ma prochaine lecture… soit le livre de Pablo Servigne portant sur l’Entraide que je viens d’acheter en version numérique chez libraires.ca
J’ai visionné aussi les deux vidéos suggérées: le pamphlet militant de Derrick Jensen et le cauchemar métaphorique de Lubomir Arsov. Je conseille à tous de s’y arrêter.
Concernant le silence des médias sur le livre de Harvey Mead. Je pense tout comme lui qu’il faut leur laisser le temps de le lire et d’en digérer le contenu. Mais en attendant, rien ne nous empêche d’en faire la promotion…
Il faut sortir de la civilisation thermo-industrielle au plus tôt :
»…the cuts we’re making to greenhouse gas emissions are being cancelled out by economic growth. »
http://www.resilience.org/stories/2017-11-22/averting-the-apocalypse-lessons-from-costa-rica/
Le pays m’intéresse depuis plus de 25 ans, mais je ne connaissais pas bon nombre des statistiques mentionnées ici (et le livre auquel l’article fait référence serait sûrement intéressant, accessible par contre seulement par achat). Entre autres, je serais intéressé à mieux connaître le rôle du tourisme (écotourisme en bonne partie) dans le portrait global de l’économie du pays. Quand j’y étais en mars dernier, il était quand même impressionnant de voir l’énorme congestion due à la circulation d’autos et de camions dans les banlieues de San Jose, où sont situés les hôtels utilisés par les touristes avant leur départ pour les sites naturels intéressants; le centre-ville semble plutôt tranquil (comme c’est le cas pour Ciudad Guatemala aussi) et délaissée par les touristes étrangers. Bref, est-ce que le pays a besoin des revenus de ce tourisme pour se permettre ses programmes sociaux, et est-ce que les infrastructures pour ce tourisme évoluent dans un monde presque à part et qui nous imite?
Bonjour M. Mead,
Je lis votre blog depuis le début et j’ai lu votre livre sur l’IPV du Québec. Je suis en train de lire votre livre Trop tard et j’admire votre démarche. Cependant, pour avoir participer activement pendant plusieurs mois à un regroupement de citoyens pour contrer le projet d’autoroute Notre-Dame dans les quartiers Hochelaga-Maisonneuve et Mercier et Centre-Sud, je suis convaincue qu’on ne peut rien attendre des groupes environnementaux subventionnés par l’État: ils sont tous dans une position d’hétéronomie par rapport au pouvoir gouvernemental. Une société écologique où la décroissance serait appliquée dans tous les secteurs d’activité demande que les citoyens et les groupes de la société civile soit dans un rapport d’autonomie dans leurs activités personnelles et sociales (déplacement autonome en vélo ou à pied ou encore transport en commun et vélo, faire ses propres repas, réparer plutôt que jeter, faire plutôt qu’acheter si c’est possible, etc.). Le développement de la société québéboise repose sur la surconsommation d’énergie (pétrole et électricité), mais elle s’est développée aussi beaucoup à partir des services : cliniques, mégahôpitaux, services sociaux qui grugent 50 % du budget de l’état. Services mis en place pour soigner les maladies de civilisation telles que les maladies métaboliques comme le diabète, maladie cardiaque, cancer, etc. Un pouvoir médical puissant s’accapare d’une grande partie de la richesse québécoise en ce moment et elle se nourrit du rapport hétéronome des citoyens, de leur perte d’autonomie fondamentale face à toutes les activités de la vie: marcher, se nourrir adéquatement, prendre sa santé en main par des moyens autres que les médicaments et la médecine allopathe. Pour ces raisons, je suis persuadée que le manifeste ou l’action que vous voudriez poursuivre à la suite de votre réflexion devra faire appel aux gens qui résistent DE FAÇON AUTONOME dans leur propre vie et dans la vie sociale, dont les groupes qui s’organisent contre les projets de développement de toutes sortes comme ceux qui combattent le REM en ce moment. Toutefois, il faut oublier les groupes environnementaux institutionnels connus qui n’ont jamais eu l’autonomie nécessaire pour débattre d’économie écologique et biophysique, voilà pourquoi ils ont toujours restreints leur champ de vision et d’action.
Mme Woods, votre commentaire relève tout le problème de l’action individuelle versus collective. Seul, on ne peut rien (votre jardin maraîcher sera tôt ou tard pollué par un voisin malveillant) et en grand groupe les individus délèguent leur pouvoir aux institutions qui finissent presque toujours corrompues et dénaturées (lorsque leur dirigeants « n’écoutent plus la base »).
M. Lutz,
La définition de l’autonomie politique ne se ramène pas à un acte individuel et solitaire. J’entends ici l’autonomie au sens d’un individu vivant dans la sobriété, au sens de M. Mead, ou encore des personnes adoptant des comportements qui s’émancipent de la dépendance envers les services et les biens de consommation de tout ordres qu’on nous imposent et qui réduisent notre autonomie personnelle et collective dans la vie quotidienne. Il faudrait pouvoir repenser la démocratie de masse où nous déléguons notre pouvoir personnel et collectif aux partis politiques et groupes environnementaux, en abdiquant notre connaissance politique, scientifique et écologique et économique aux experts.
Mme Woods, vous me répondez comme si je vous contredisais, ce qui n’est pas le cas. Je réitère le problème de l’organisation sociale: la division du travail est désirable et nécessaire pour une société technologique (ne jetez pas le bébé avec l’eau du bain: sans les découvertes centenaires des sciences et techniques, une bonne partie d’entre nous seraient morts d’infections bénignes). Dès lors que l’on se regroupe (pour chasser le mammouth, pour construire une école ou l’internet), à partir de quelle taille une institution devient néfaste? À quel moment (sur une échelle historique) un corps d’experts n’est plus digne de confiance? On ne peut écarter le problème en déclarant « nous n’avons pas besoin d’experts ». Ma piste de solution: il faut établir des mécanismes d’équilibrage des pouvoirs (anarcho-syndicalisme?) et surtout abandonner la démocratie représentative qui est un échec patent.
Pour Sylvie Woods: On pourrait échanger longtemps là-dessus – j’étais président d’un de ces groupes pendant 25 ans… Finalement, dans le livre, je constate leur échec et celui de ls société civile en général. Plus, je constate l’échec de l’effort de sensibilisation du public. Il y a une multiplicité d’actions qui s’imposent d’après les constats du livre, dont un changement d’orientation des groupes de la société civile (le manifeste en annexe du livre); leur problème n’est pas seulement qu’ils se sentent contraints par leurs subventions (jamais 100%), mais que le virage qui s’impose leur ferait perdre aussi bon nombre de leurs membres dans le grand public, qui ne saisissent pas les enjeux et les défis.
En général: Je le dis aussi dans le livre et ailleurs: l’action individuelle ne suffira absolument pas, même si les individus sont autonomes; il nous faut une action communautaire à grande échelle regroupant de tels individus. C’est ce que j’appelle la société civile réorientée en les désignant comme signataires imaginaires du manifeste. Je vois peu de raisons de penser que la réorientation va se faire, mais l’échec n’est pas décidé d’avance.
Nous savons tous la seule issue: permaculture à petite échelle. Oui elle est viable et permet même le dégagement d’un revenu excédentaire (soit 10$/hr, semaine de 43 hrs sur 1000 m2, ref http://jardinage.lemonde.fr/article-131-permaculture-viable-economiquement-selon-etude-inra.html). L’écoulement de cette production et l’adoption à large échelle d’une désurbanisation ne pourra se faire sans l’accord de ceux qui profitent de notre aliénation actuelle.
On sait donc quoi faire mais le permettront-ils? Paul Jorion appelle de tous ses vœux une autre ‘nuit du 4 août’, « l’évènement capital de la Révolution française », où les puissants abandonneront leurs privilèges pour le bien commun. cf https://www.pauljorion.com/blog/tag/nuit-du-4-aout/ (on peut espérer).
L’alternative n’est pas joyeuse: ce sera des guerres civiles contre des mercenaires protégeant les derniers îlots d’opulence.
Bonjour M. Mead,
Je sais que vous avez dirigé l’UQCN pendant de nombreuses années et qu’il fallait un courage intellectuel pour écrire ce livre. Je viens de terminer la lecture de Trop tard et je crois que même si certains accolent le mot «pessimisme» ou «catastrophisme» à votre démarche, beaucoup de citoyen-nes se retrouveront dans votre constat et les propositions que vous faites dans le manifeste. Votre démarche ressemble à celle de Jean-Pierre Dupuy, philosophe/chercheur et qui a élaboré son concept de «catastrophisme éclairé». Si les humains ont été capable de modifier les cycles géologiques de la planète Terre en à peine 200 ans, en la propulsant, par leur surconsommation d’énergies fossiles, dans l’Anthropocène, ils devraient pouvoir faire le bond en arrière anthropologique nécessaire pour sauver la maison qui les abrite. Merci pour votre livre et pour le manifeste.