Lorsque Gandhi animait des masses pour protester de façon non violente, son objet était évident et on pouvait difficilement – sauf pour ceux qui constituaient l’objet – remettre l’intervention en question. Quand Martin Luther King et de nombreux autres se mettaient en marche à travers les États-Unis, leur objet était évident et on pouvait difficilement – sauf pour ceux qui vivaient dans le drame de l’objet depuis des générations – remettre l’intervention en question.
Les récentes interventions d’Extinction Rébellion, qui se réclament de la tradition de la désobéissance civile et de celle de Thoreau, ratent la cible, n’ayant ni objet (évident ou pas) ni adhésion recherchée ne pouvant être remise en question. Finalement, le mouvement veut que les gouvernements [1] (i) déclarent une urgence climatique, (ii) agissent pour ramener les émissions à zéro d’ici 2025 et (iii) mettent en branle une assemblée citoyenne sur le climat et la justice écologique. Nulle part sur le site, nulle part dans les interventions, n’avons-nous la moindre idée de ce qui serait en cause et il est à soupçonner que les responsables n’en ont pas non plus. Alors que l’impérialisme et le racisme dans de nombreuses formes s’identifiaient assez facilement, l’urgence climatique, bien que d’origine humaine, n’est pas la responsabilité d’une partie mal orientée de la société, en l’occurrence les gouvernements, mais de la mise en œuvre depuis des générations d’un modèle de développement qui implique toutes les parties des pays riches.
L’incompréhension des enjeux
Je me plains constamment de l’absence d’un portrait réaliste et convainquant de notre situation, limité presque exclusivement pour le moment à un calcul fait par Normand Mousseau en 2013 et qui paraît dans un encadré du document de consultation de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec qu’il co-présidait. Clé dans son calcul, la nécessité de transformations majeures dans le parc automobile, soit le retrait des routes de la moitié du parc soit sa conversion en véhicules électriques. Récemment, un document a été rendu public qui me donnait l’espoir d’y trouver des mises à jour.
Le rapport Dunsky Trajectoires de réduction d’émissions de GES du Québec – Horizons 2030 et 2050: Rapport final fournit, en utilisant un modèle (NATEM) reconnu et compréhensif, les résultats requis mais sans entrer dans le détail de la façon dont les gestes en cause influeraient sur la vie des gens. Même les auteurs du rapport constatent à plusieurs reprises qu’ils ne sont pas capables d’identifier ce qui, dans le modèle, aboutit à certains résultats.
Le rapport est, finalement, une esquisse dans les grandes lignes mais sans précisions de la vision de l’économie verte retenue par l’ensemble des acteurs cherchant à gérer les crises environnementales et économiques à partir de changements structurels et partant en bonne partie des revendications des mouvements environnemental et social au fil des décennies. Les principales hypothèses du rapport semblent voir la mise en œuvre de ces revendications selon un échéancier qui est, pour une première fois, établi, cela en suivant les avertissements du GIÉC. Le rapport cible 2030 et 2050 pour ses analyses. La principale valeur du rapport semble être une sorte de démonstration que la mise en place d’une économie verte qui permettrait d’atteindre la cible de réductions de GES pour 2030 est possible.
L’atteinte des objectifs semblerait possible…
L’objectif retenu est celui du gouvernement, soit une réduction de 37,5% des émissions d’ici 2030. Le GIÉC cible maintenant une réduction de 45% d’ici 2030 pour éviter un dépassement de 1,5°C, et on peut situer l’objectif gouvernemental dans une perspective voyant le dépassement atteindre 2°C, si je comprends bien les calculs. Entre autres, on y projette des constructions d’infrastructures électriques assez importantes, même si c’est surtout pour après 2030. Et les exportations provenant de l’électricité ainsi produite constituent une bonne partie du portrait. Ceci correspond en même temps aux orientations du gouvernement Legault.
Le rapport est parsemé de constats à l’effet que les interventions devront être massives, rapides et généralisées et constituer des «changements sans précédent», «une profonde réforme économique», «un changement de cap majeur», «une transformation majeure», comportant «des investissements massifs en capitaux» mais, suivant l’approche retenue et le modèle, ne représente pas un plan d’action (ce qui est attendu du gouvernement Legault au début de 2020).
Ce rapport est le fruit d’un exercice de modélisation visant à tracer les grandes lignes d’une décarbonisation de l’économie québécoise. Ni prévision, ni plan d’action, il décline les changements requis pour atteindre les cibles et objectifs du Québec, tout en abordant les coûts et bénéfices qui en découleront pour le Québec. Pour que ces changements aient lieu, des mesures économiques et règlementaires vigoureuses seront nécessaires.
Les mesures se déclinent en quatre blocs: la maîtrise de l’énergie, l’électrification de nombreux usages de l’énergie, la production accrue d’électricité et de bioénergies, ainsi que d’autres mesures touchant l’agriculture, les déchets et l’industrie. (Avant-Propos)
Une sorte de résumé de ce qui serait en cause se trouve dans le Sommaire.
Au regard de cette analyse, voici les priorités qui émergent en vue de la cible de 2030:
Si le Québec souhaite tirer le maximum de co-bénéfices de sa transition vers une société sobre en carbone — tant pour l’économie que pour la santé humaine —, il lui faudra prioriser l’électrification des transports, la réduction et la valorisation des déchets, ainsi que la production et l’utilisation de bioénergies (ceux-ci représentent 60 % des réductions attendues en 2030).
Les réductions dans les transports sont parmi les plus coûteuses, mais sont probablement celles qui procurent les bénéfices les plus importants (amélioration de la balance commerciale du secteur énergétique, de qualité de l’air et de la santé des Québécois).
Afin de minimiser les coûts et les risques de cette transition, le Québec devra miser davantage sur l’efficacité énergétique et la réduction des demandes. Des actions en matière d’urbanisme, d’aménagement du territoire, d’économie circulaire ou d’ajustement du système alimentaire rendront la marche moins grande à monter quand viendra le temps de remplacer les technologies actuelles par des solutions de rechange sobres en carbone.
Nous concluons que le Québec est particulièrement bien placé pour réussir la décarbonisation de son économie et pour tirer son épingle du jeu sur les plans de l’économie et de la santé humaine. Toutefois, l’effort nécessaire ne doit pas être sous-estimé, et devra viser toutes les occasions de réduction sans exception. xvii-xviii
Des tableaux fournissant les pistes à court, à moyen et à long termes se trouvent aux pages 80-84, suivant les mêmes secteurs que ceux couverts beaucoup plus simplement par Mousseau. Les pistes ne comportent ni de précisions ni de spécificités, alors que celles-ci constitueront des défis majeurs pour les responsables gouvernementaux qui travaillent sur le plan d’action pour l’an prochain. Et même si les priorités identifiées dans ce texte définissent les scénarios alternatifs présentés dans le deuxième chapitre du rapport, ceux-ci ne semblent pas nécessaires pour l’atteinte de la cible de 2030, fondée sur le recours à une multitude de technologies existantes déjà. Dans la période pré-2030, ils représentent de grandes orientations sans exiger des interventions pendant cette période.
Vraiment la responsabilité des gouvernements?
En analysant ce rapport produit pour le gouvernement, on pourrait se laisser croire que tout est fonction d’interventions gouvernementales, mais là aussi, sans entrer dans les détails, le rapport insiste sur l’effort qui devra venir de tous les secteurs de la société, y compris les individus et le secteur privé. Extinction Rébellion pourrait s’y insérer, dans son absence de spécificités quant aux mesures réclamées, en imaginant un gouvernement doté de tous les pouvoirs nécessaires, y compris sur les individus et les entreprises, et cela sans s’occuper de leur adhésion à l‘effort. Ce n’est pas tout à fait la vision de ce groupe, dont un des trois piliers est un renforcement de la démocratie… En fait, une telle situation est inimaginable et non désirable de toute façon.
Beaucoup est caché par le modèle, mais il n’est pas facile à voir comment le futur plan d’action sortirait de la complexité du modèle, dont seul le scénario C paraît mériter attention. Dès le départ – ce n’est pas
surprenant… – le travail s’effectue en présumant du modèle économique actuel, avec un ensemble de défis associés à la croissance jugés normaux. Il s’agit d’une version de «l’économie verte» prônée explicitement pendant la campagne fédérale par le Parti vert du Canada (en fait, par tous les partis implicitement, puisqu’il n’existe pas d’alternatives qu’ils soient capables d’imaginer) et que je critique pour ses illusions depuis des années. C’est le sujet du chapitre 5 de mon livre.
Le modèle est «un outil d’optimisation économique» , et tout le travail se fait dans le cadre du maintien du système actuel visant la croissance. Sous contrat avec le gouvernement, qui adhère à ce modèle, le travail maintient la cible de -37.5% pour 2030, la décrivant comme ambitieuse sans référence à l’intervention du GIÉC qui indique qu’il nous faudrait atteindre -45%. Il présente quatre scénarios pour la période d’ici 2030, dont les deux premiers ne comportent pas l’atteinte de la cible de -37.5% et qui ne sont donc pas vraiment d’intérêt. Le 4e scénario atteint l’objectif de -87.5% versus le 3e qui n’atteint que -75%, et ces deux scénarios représentent des équivalences, face aux incertitudes en cause dans des projections visant 30 ans…
Une grande complexité d’intervention pour éviter les écueils sociaux
On voit l’approche du modèle en regardant ses constats sur le parc automobile en 2030. Dans les transports, il n’y a pas beaucoup de changement dans le transport des personnes, avec la consommation d’essence encore importante en 2030 et le parc automobile en augmentation, dépassant les 5 millions de véhicules en 2030 et continuant à augmenter par après. Alors qu’on serait porté à penser qu’il s’agit du secteur où la transformation sociétale devrait s’opérer, presque en priorité, ce n’est pas le cas, et même le camionnage lourd et l’avion restent importants dans le scénario C.
Le modèle semble éviter les perturbations sociétales (et de consommation) qui comporteraient de sérieux problèmes d’«acceptabilité sociale» et passe par une complexité importante dans l’ensemble de mesures inscrites dans sa programmation et qui touchent l’ensemble des secteurs, cela en fonction de paramètres ciblant le coût et la technologie disponible.
Il faut souligner que les interventions en matière de transport figurent parmi les plus coûteuses. On doit présumer qu’un énorme effort est fait par le modèle «derrière la scène» pour travailler les options moins coûteuses, en grand nombre… Cela semble confirmé à la page 45, où on trouve le coût moyen pour le scénario C à environ 2,6MM$ par année à l’horizon 2030, bien en deçà du coût marginal à cette date.
Par contre, la hausse de prix du carbone affecte très peu les solutions des scénarios de réduction, car dans ceux-ci la cible ou l’objectif de réduction de GES est beaucoup plus contraignant que le prix du carbone. Autrement dit, les contraintes de réduction de GES des scénarios vont bien au-delà des réductions que permet d’obtenir le prix du carbone et ce sont donc ces contraintes qui dé́terminent en majeure partie les résultats de la modélisation…
Cela signifie que le prix du carbone induit par le marché du carbone, s’il se situe en deçà des niveaux alternatifs de prix du carbone modélisés, serait insuffisant pour permettre à lui seul l’atteinte des cibles et objectifs de réduction du Québec (avec des réductions en territoire québécois seulement), selon l’étendue des hypothèses de prix actuelles. (p.46-47)
Cette conclusion préliminaire aboutit au chapitre sur les scénarios alternatifs, puisque le travail doit aborder une série de défis (les projections de demandes, les risques technologiques, les ressources disponibles ou les contraintes d’acceptabilité sociale – p.48) en voyant que le prix du carbone ne fournit pas à lui seul le résultat voulu. Il reste que le modèle permet d’atteindre la cible de -37.5% en 2030 avec son scénario C, cela avec seulement le recours aux technologies existantes. C’est l’atteinte de l’objectif de 2050 (-85%) qui exige le recours aux scénarios alternatifs du chapitre 2.
L’atteinte de la cible 2030 exige les énormes transformations de la société signalées à répétition, mais le document ne fournit pas des précisions quant à celles-ci, en mettant l’accent sur l’effort d’atteindre l’objectif de 2050 que les scénarios de réduction de GES du chapitre 1, générés par le modèle, ne réussissent pas à faire complètement.
Une vue d’ensemble (?)
Le rapport conclut:
La réduction des demandes doit faire partie de la solution.
La combinaison de nos réductions de demandes (scénario 4) amène une baisse du coût marginal de plus de 40 % à l’horizon 2050 (scénario C). La réduction des demandes permet également d’aller plus loin dans l’atteinte des cibles et objectifs de réduction, soit jusqu’à 85 % de réduction à l’horizon 2050 permettant ainsi l’atteinte de la cible et des objectifs du Québec.
Le CSC et la BECSC doivent également faire partie de la solution comme technologie de dernier recours.
Les scénarios 6 (CSC sans contrainte et BECSC) et 8 (scénario favorable incluant le CSC sans contrainte) sont les seuls à atteindre le scénario de réduction D sans l’achat de crédits de carbone internationaux. Ces technologies permettent également de réduire les coûts marginaux, surtout à long terme.
Des risques technologiques importants demeurent.
Avec le retrait des technologies jugées plus risquées (scénario 5), seul le scénario de réduction A est atteint. Ceci confirme l’importance d’appuyer le développement de technologies afin de consolider les options de réduction disponibles. (p.89)
Il est intéressant de voir les interventions d’Extinction Rébellion cibler les transports urbains, en pensant apparemment que les perturbations occasionnées chez les automobilistes vont aboutir à des actions gouvernementales qui n’auront rien à voir avec ces transports. On va manger moins de viande, on va frapper l’industrie de l’aluminium – mais presque aucun impact pour les transports personnels?
Finalement, Extincion Rébellion vise la bonne cible, en toute inconscience. La multitude de gestes identifiés par le modèle du rapport Dunsky sans qu’ils ne soient identifiables ni par le commun des mortels ni par les responsables des politiques publiques semble comporter une telle complexité dans la mise en œuvre de politiques qui s’y attaquent que nous devons probablement et plutôt penser qu’il faut viser – comme Extinction Rébellion à son insu – un secteur stratégique d’intervention où il sera possible de faire intervenir l’ensemble de la société. Nous sommes de retour à l’approche de Mousseau d’il y a maintenant six ou sept ans pour identifier les cibles.
[1] On voit en même temps une situation au Canada qui fera que les gouvernements ne répondront pas, surtout depuis l’élection fédérale du 21 octobre. Un article d’Annie Chaloux et Hugo Séguin dans Le Devoir du 24 octobre esquisse les obstacles, assez bien connus et assez évidents, et un éditorial du même journal le même jour, «Est-Ouest: Concilier l’inconciliable» aborde le même thème. Le premier note que nous sommes devant des options «économie verte» (voir plus haut dans l’article ici) et décroissance, ce qui semble sortir de l’ordinaire parmi les commentaires. Le deuxième insiste sur le changement de modèle en cours (mais probablement pensant à un remplacement de l’énergie fossile par les énergies renouvelables):
Ceux qui accusent les libéraux, les néodémocrates ou les bloquistes d’être responsables de la division opposant l’est et l’ouest du pays font fausse route. Cette division est d’abord et avant tout le fait des positions d’arrière-garde soutenues par les conservateurs fédéraux et leurs homologues provinciaux dans un monde en profonde mutation.
D’ores et déjà, l’Alberta et la Saskatchewan peuvent difficilement compter sur l’exploitation pétrolière pour assurer leur prospérité. L’une et l’autre doivent dès aujourd’hui travailler à l’avènement d’une économie du XXIe siècle.
Cette démarche aurait été rendue plus facile grâce aux milliards de dollars tirés des redevances pétrolières qui ont servi à maintenir les taux d’imposition les plus faibles au pays au lieu d’être épargnés comme en Norvège. Là encore, ce ne sont ni les libéraux ni le NPD et encore moins le Bloc qui sont responsables de cette absence de prévoyance, mais les élus conservateurs, locaux et nationaux, pour qui des impôts peu élevés sont toujours le meilleur signe d’un bon gouvernement.
Trudeau était dans une bien meilleure position en 2015 qu’aujourd’hui, et on ne doit pas s’attendre à ce qu’il intervienne comme il faut. Pour un prochain article…
NOTE: Un deuxième rapport qui vient de sortir est le résultat de travaux menés par une équipe de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie, HEC Montréal, sous Pierre-Olivier Pineau, avec Philippe Gauthier comme principal consultant: Portrait et pistes de réduction des émissions industrielles de gaz à effet de serre au Québec: Projet de recherche sur le potentiel de l’économie circulaire sur la réduction de gaz à effet de serre des émetteurs industriels québécois. Il est intéressant d’y voir le portrait fourni du secteur industriel du Québec, et l’énorme complexité qui serait en cause dans l’effort de réduire davantage ses émissions, celles-ci ayant été déjà réduites sensiblement depuis quelques années.
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Une conférence de Vincent Mignerot intitulée « L’effondrement inéluctable » à visionner…
https://youtu.be/9ME2gHHEdH8
Plus particulièrement, il faut voir comment il explique à la fin de celle-ci, en réponse à une question, pourquoi il se montre réticent à appuyer « Extinction Rebellion ».
Pour ma part
Pour ma part… je viens de terminer la lecture du livre d’Yves Cochet « Devant l’effondrement, essai de collapsologie » publié aux éditions Les liens qui libèrent » en septembre dernier. Par plusieurs de ses réflexions, il se rapproche des constats faits par Harvey Mead, mais c’est son pronostic qui diffère étant beaucoup plus catastrophiste que notre ami. Je souhaite connaître l’opinion de Harvey. Car si ses prévisions sont plausibles, même les actions les plus déterminées d’Extinction Rebellion ne serviront pas à grand-chose. Il faut plutôt s’attabler à préparer l’après…
Dans cette perspective, un autre livre tout récent dont j’ai complété la lecture, « La Maison brûle » de Naomi Klein m’a déçu par ses conclusions passablement rose bonbon d’un possible Green New Deal entrepris à la faveur des résultats de la prochaine élection américaine. Comme quoi, il y en a toujours qui croient au Père Noël démocrate!
Peut-être la réalité du destin de notre humanité est-elle mieux dessinée par le livre de Vincent Mignerot disponible en quatre articles sur le site de http://adrastia.org/category/articles-originaux-adrastia/ sous le titre de « Transition 2017 ».
Voilà la fin de l’autre commentaire!
Je suis avec intérêt, et préoccupation, toute la série de manifestations en cours dans plusieurs pays contre des régimes qui n’ont pas évoluéé, qui ne voient pas clair. Dans l’ensemble, les manifestants protestent contre des gouvernements ineptes (pour n’en dire pas plus) mais aussi contre le risque de perdre leurs acquis en termes de bien-être (plutôt limité dans presque tous les cas). Je n’attends rien d’Extinction Rébellion, et les effondrements sociaux, avec violence en accompagnement, sont plutôt probables. Je ne cherche pas à deviner, mais à encourager un effort de faire notre mieux pour nous préparer (aussi illusoire, j’ai l’impression, que l’effort d’arrêter les changements climatiques). L’échec du premier risque de régler le défi du deuxième, comme je note dans mon livre…
Naomi Klein a bien essayé d’établir un échéancier et un bon prognostic dans Tout peut changer, y compris l’établissement d’une sorte de cible temporelle qui serait autour de 2023-2024, à la fin de sa «décennie zéro». J’ai entendu parler de son récent livre en même temps que j’ai reçu le récent article de blogue de Gail Tverberg «Understanding Why the Green New Deal Won’t Really Work» J’attends voir si Klein va se rappeler de son échéancier et finalement se joindre aux personnes qui pensent que l’effondrement arrive et contribuer à l’effort de s’y préparer.
J’ai visionné la vidéo de Mignerot (tout en détestant toujours, comme pendant toute ma vie, cette présence de maîtrise qui connaît tout et qui se dit prêt à discourir pendant encore quelques heures…); il introduit quelques pistes inusitées tout en fournissant le même portrait que d’autres. Merci de la référence à ses écrits, que je résume ici avec leurs liens, histoire de simplifier la recherche pour d’autres :
http://adrastia.org/transition-2017-1-realite/
http://adrastia.org/transition-2017-2-ecologie-post-verite/
http://adrastia.org/transition-2017-3-mythologie-ecologique/
http://adrastia.org/transition-2017-4-programme-ethique-transition/
en notant qu’il parle dans le quatrième article de cette transition bien voulue de tout le monde…
Oui, les Français ont tendance à adopter une telle posture de « maîtres d’école ». D’ailleurs, je ne partage pas plusieurs des conclusions de Mignerot, notamment la facilité avec laquelle il élude la responsabilité du système économique dominant, c’est-à-dire le capitalisme.
Dans la même veine des « effondristes », il y a lieu de lire le livre, nettement mieux documenté, d’Yves Cochet, « Devant l’effondrement », publié en septembre aux « Liens qui libèrent ». Toutefois, j’ai beaucoup de difficulté avec sa description d’un effondrement systémique global s’abattant soudainement sur l’humanité comme une catastrophe. J’anticipe plutôt une série de ruptures, suivies parfois de soubresauts de reprises, mais menant inexorablement vers une civilisation aux prises avec la chute de la biodiversité, la hausse des extrêmes climatiques et une contraction énergétique se manifestant dans le temps et l’espace de manière variée suivant les pays.