Ma petite recherche historique pour cet article sur les incohérences des médias devient intéressante par ses résultats et par la lumière qu’elle apporte aux questions posées pendant la lecture du Palmarès des 50 entreprises championnes de la responsabilité sociale et environnementale. Elle rappelle l’expérience fascinante au sein du Groupe de travail de la TRNEE (où j’étais membre ex-officio). Le Groupe organisait des journées complètes avec des personnes représentant les plus hautes fonctions en matière d’investissement au Canada (et même aux États-Unis).
Le rapport du groupe de travail, comme l’ensemble des travaux de la TRNEE pendant 20 ans, ne sont plus disponibles depuis les décisions du gouvernement Harper, à moins que des individus n’aient des copies, comme c’est le cas pour moi. Ce document (dont j’ai seulement la version en anglais) est le premier que j’ai l’occasion d’utiliser suite à la décision du gouvernement Harper non seulement d’abolir la TRNEE mais d’interdire le transfert de son site web, où se trouvaient tous les rapports et les autres documents de la Table.
Je me rappelle encore de ma lecture du rapport, et surtout de l’Avant-Propos. Écrit par un groupe de personnes qui n’étaient pas impliquées dans le Groupe de travail, ce texte passe outre presque tout ce qui était en cause dans le travail, pour établir des orientations claires et nettes en matière d’investissement : c’est le néolibéralisme sans bémols, du début à la fin. Steven Harper venait en 2006 de devenir Premier ministre du Canada, et Hugh Segal était un des signataires de l’Avant-Propos…
L’Avant-Propos met l’accent sur le rôle des ressources au Canada, et esquisse les arguments pour ce qui deviendra la proposition fédérale de mettre en place une seule agence de marché mobilier. On peut avoir use idée de la dominance de la recherche d’une richesse matérielle sans limites dans les propos suivants tirés de ce court texte: «Canada is a highly competitive and relatively rich country in global terms — indeed, the second most prosperous after the U.S. However, the gap between US and Canadian prosperity persists. Indeed, the prosperity gap, which stood at $3,200 in per capita GDP in 1981, grew to $8,700 in per capita GDP in 2004».p.4
En lisant la présentation du Palmarès, je suis frappé de voir comment les travaux du groupe de travail, qui cherchaient à influencer un tant soit peu les marchés financiers, ont été suivis quelques mois plus tard par la Grande récession, toujours en cours. Les efforts des championnes de l’environnement esquissés dans le rapport sur le Palmarès se font alors que des indices très probants suggèrent que nous nous dirigeons vers un effondrement économique, voire de civilisation…