Soixante années de développement ont livré aux pays riches un niveau de vie qui est l’envie de l’humanité. Elles ont par contre progressivement manifesté, à travers le temps, des crises environnementales et sociales croissantes. L’empreinte écologique fournit une première mesure de ces crises en indiquant que nos dépassons par trois fois la capacité de la planète à soutenir notre activité au Québec.
Le PIB que nous utilisons comme guide pour une bonne partie de nos choix politiques ne mesure pas ces crises. Les économistes écologiques proposent le recours à l’Indice de progrès véritable, qui part de notre expérience positive des dernières décennies, refletée par la partie du PIB qui mesure notre consommation, mais en soustrait le coût de ce qui la permet en termes de ressources ainsi que de milieux pour la disposition de nos déchets. L‘IPV représente l’établissement d’un bilan des actifs et des passifs du développement dont l’objectif devrait être reconnu par tous.
Pour le Québec, le calcul de cet IPV suggère que le PIB surestime notre « bonheur » par un facteur de trois. L’empreinte et l’IPV reconnaissent donc les « effets pervers » de notre activité économique et, à sa base, de notre surconsommation. C’est dans un tel contexte qu’il faut aborder les débats en cours sur la façon de gérer ce qui semble être un « boum minier » et un potentiel important pour le développement économique fondé sur les ressources non renouvelables.
Approche au « boum minier »
On peut comprendre une partie du défi en cause en pensant à ce que nous avons fait avec le cuivre, dont la production a diminé de 83 % avec l’épuisement des gisements, une situation qui a abouti au lancement d’un Plan Cuivre . Ou bien nous procédons comme beaucoup l’ont fait, en présumant qu’il y aura toujours d’autres ressources que nous n’aurons qu’à trouver, ou bien nous procédons en reconnaissant que nous allons épuiser nos réserves et nous trouver appauvris par après. Pour une multitude de raisons, c’est presque de l’inconscience que de procéder selon la première approche.
En prenant la deuxième approche, nous devons oublier donc l’idée que l’activité générée par l’exploitation suffit à répondre à nos besoins et se justifie ainsi. Elle va terminer, et pour mieux saisir l’importance d’une telle situation, nous n’avons qu’à regarder la frénésie avec laquelle tous cherchent aujourd’hui de nouvelles réserves de pétrole et de gaz – et de métaux. Nous avons exploité d’abord les gisements riches et faciles d’accès, et sans avoir préparé l’événement, nous nous trouvons aujourd’hui avec un prix pour les ressources non renouvelables « non conventionnelles » qui réflète la rareté croissante des réserves conventionnelles. L’accent est toujours sur les ressources énergétiques, mais les réserves des métaux deviennent de plus en plus non conventionnelles aussi. Ce prix élevé gruge directement dans notre capacité de faire autre chose, de continuer à maintenir notre bien-être. (suite…)
by Lire la suiteSurprenante cette intervention de spécialistes qui met en question certains dogmes face aux audits dans le secteur public. Avec le titre « L’audit dans le secteur public : le risque d’une illusion de contrôle » dans Le Devoir du 12 février 2013, les auteurs mettent l’accent sur la grande qualité des vérifications, la documentation rigoureuse de tout constat fait, et sur la faiblesse que cela souligne, l’incapacité de mettre en évidence ce qui n’est pas ainsi documenté. Ils critiquent avec raison le fait que le risque d’illusion de contrôle par les audits « est entretenu par une certaine obstination de la part des dirigeants politiques à ne pas vouloir reconnaître les limites de l’audit ». Les rapports du VG, pour prendre cet auditeur, donnent « une impression de sécurité, de transparence et de crédibilité », mais les révélations de la Commission Charbonneau suffisent « pour réaliser avec lucidité que les promesses liées à l’audit dans le secteur public sont menacées de se transformer en illusion ».
by Lire la suitePendant les années 1990, le ministère des Ressources naturelles a identifié une «limite nordique» définissant l’extension maximale de l’exploitation forestière. Il le faisait dans un cadre ciblant le respect d’objectifs écologiques, soit la capacité de croissance productive et de régénération des forêts après coupe. Lors d’une émission de Découverte le dimanche 20 janvier dernier, des chercheurs en foresterie de l’Université du Québec à Chicoutimi UQAC) sont intervenus pour promouvoir des projets d’extension de la limite nordique bien plus au nord que la limite actuelle.
Ces interventions sont surprenantes, même si elles se font dans un contexte où l’UQAC est reconnue généralement pour des interventions en ce sens. Lors de l’émission, la présentation par l’ensemble des intervenants de phénomènes de changements dans les écosystèmes de la taïga, aux limites de la forêt boréale, était convaincante. Ce qui l’était moins, voire pas du tout, était la prétention des chercheurs du Centre de recherche sur la Boréalie et du Consortium de recherche sur la forêt boréale commerciale, à l’encontre de l’avis des autres, qu’il faut (i) arrêter la progression de la taïga vers le sud et (ii) transformer les éclaircies de la forêt boréale par des plantations. Une absence fondamentale d’analyse économique marquait ces propositions.
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