Une sorte de travelogue, sans beaucoup d’apprentissage sur le plan du développement. Pour ceux et celles qui seraient peut-être intéressés par un petit récit venant des entrailles de la Chine. Je mettrai des photos en galerie à mon retour à la mi-mai.
Les premiers jours du séjour dans cette province du centre-sud représentaient ce qui auraient été normalement une pause, mais l’itineraire a été fait en fonction d’un effort d’srriver dans les zones rizicoles un peu plus tard et la visite se fait donc au tout début.
Du tourisme à la Harvey
Quatre visites de secteurs reconnus comme touristiques ont bien confirmé ma compréhension de l’approche du gouvernement au tourisme de masse. Ciblant une population de peut-être 300 millions de personnes qui veulent imiter l’intérêt pour les voyages que nous avons, les sites sont aménagés et planifiés pour recevoir beaucoup de monde et pour les faire passer assez rapidement avec une expérience plutôt banale et faussée par la façon d’aménager les sites. Le seul quartier de la capitale Changsha qui a survécu aux bombardements des Japonais et au développement urbain assez impressionnant est maintenant une rue piétonnière avec boutiques plutôt de luxe et fréquentée par les locaux qui travaillent dans les grands édifices aux alentours et par des touristes, tous et surtout toutes assez chics. La visite donne la chance de voir comment c’était dans le temps, mais la rue et les accès sont assez limités. J’svais vu, en arrivant en taxi, qu’il semblait y avoir un quartier pas mal plus grand que le seul Tai Ping, et nous sommes passés assez rapidement à une traverse de boulevard et une entrée dans le vrai vieux quartier. Celui-ci était vraiment fascinant, comme c’est souvent le cas lorsque l’on quitte un site touristique formel.
C’est un quartier encore occupé par les gens. Au tout début, nous nous trouvons dans une rue où se trouvent des vendeurs – nombreux – de écrevisses en énormes quantités à travers qui se trouvent des vendeurs de tout ce qu’il y a de fruits de mer et autres: serpents, anguilles, poissons de toutes sortes, grenouilles… Nous rentrons par une ruelle dans un marché dans ce qui semble être le sous-sol d’un bâtiment quelconque et voilà, l’offre devient encore plus grande. Dans l’espace de quelques centaines de mètres, nous avons passé des marchands de rue venus probablement d’ailleurs pour nous trouver dans le vrai quartier. La visite qui en suit dure trois ou quatre heures. Nous y sommes les seuls blancs/étrangers, loin des touristes et des chics des gros édifices aux alentours, et nous y avons trouvé tout ce qui constitue une communauté tout à fait vivante: boutiques de premier étage de maisons de deux ou trois étages (et qui servent de résidence en haut), où se trouvent les vendeurs qui sont aussi les résidents et les parents des enfants qui s’y promènent; enfants qui sortent des écoles et se promènent dans les rue(lle)s comme n’importe où dans le monde; travailleurs qui reviennent de l’extérieur (lorsque nous approchons les 17h00 heures) et échangent avec les autres. Partout, nous sommes le centre d’attention, des Martiens rarement vus dans le quartier. Et il est évident qu’il n’y a pas de touristes. Une belle expérience.
Zhangjiajie
Le lendemain cible un parc national forestier reconnu par UNESCO. Pour pouvoir y passer du temps dans un itineraire assez chargé, nous y allons en avion (une heure de vol) et expérimentons ce qui était prévu par Wikipedia: des chauffeurs de taxi qui savent que nous sommes mal pris à l’aéroport et proposent que nous changions d’hôtel et demandent des prix de transport que nous savons trop élévés. Nous ne changeons pas d’hôtel mais nous payons le prix, pour rentrer à l’hôtel, laisser nos valises, et partir pour le parc à une demi-heure de la ville Zhangjiajie. Malentendu en arrivant au parc: le chauffeur nous demande deux fois le prix entendu à l’hôtel – ils ne sont pas différents que d’autres ailleurs dans le monde (et ce n’est quand même pas cher)…
Et voilà que commence la deuxième expérience de tourisme. Nous payons d’abord le 45$ exigé de tout visiteur (et je me vois refuser un rabais pour âge parce que cela ne s’applique qu’aux vieux Chinois), mais aucune information n’est fournie pour nous guider dans la visite du parc. Alors que nous nous attendions ensuite a un parcours d’autobus dans la vallée qui allait durer un certain temps, après 5 minutes le trajet est terminé, au bas d’un périphérique où il faut débourser un autre $20 pour monter un haut, faire une petite boucle et redescendre. Je suis en mode rappel, cela complété par l’observation des hordes de touristes (chinois) qui agissent presque comme des enfants, tout centrés sur la prise de photo presque n’importe où. Nous ne prenons pas le péripphérique mais nous commençons a chercher une carte qui peut nous guider en dehors du sentier battu prévu pour nous. Finalement, nous voyons qu’il y a un sentier d’une certaine longueur et nous partons à pied. Comme lors d’autres visites, le sentier est pavé de pierres et je réalise que nous allons faire les 5-6 kilomètres sur du beton et de la pierre, histoire d’aménager le site pour le passage des hordes de touristes chinois qui passeront pendant une année. C’est le printemps et la marche nous fournit quand même une vue assez dégagée de multiples piliers de karst qui caractérisent le parc et qui montent des centaines de mètres du fond des vallées, tout en pouvant apprécier la forêt en reveil printannier. Je suis frappé par la quantité de chants d’oiseaux que je distingue sans avoir la moindre idée de son lien avec une espèce d’oiseau en particulier. Les trois ou quatre heures de la marche consacrent, au fur et à mesure, une décision (par moi et mon neveu) que nous ne reviendrons pas le lendemain, contrairement aux attentes. Une randonnée hors piste de pierre et ciment serait peut-être possible, et probablement dans une solitude réelle, mais nous ne sommes pas préparés pour cela. Nous sommes des touristes assez typiques en Amérique qui voulions faire une visite en véhicule – mais les autobus ne sont pas là pour cela…
Les minorités
Le changement de plans n’est pas particulièrement dérangeant. Les trois prochaines journées seront en territoire de minorités chinoises, fascinantes dans leur maintien en grande partie de leurs anciennes coutumes, dont les vêtements, les cultures, l’architecture et la langue. Première étape, une visite de quelques villages Miao, dont j’avais vus d’àutres lors de mon premier voyage. Nous partons pour Aizhai, petit village tout près d’un autre village tourisitique – Dehang – classé UNESCO mais dont la visite est à éviter, d’après mon expérience et d’àprès Wikipedia. Nous passons un long après-midi à nous promener dans le vllage et dans les champs autour. Bon nombre de résidents travaillent dans les champs, mais peut-être la principale attraction: une partie de la communauté dans la rivière en train de réparer des failles dans le mur qui la guide à travers le village; on nous dit que lors des crues après des pluies le niveau d’eau peut monter de plusieurs mètres…
Après une nuit pendant laquelle mon neveu couche sur une grande table au premier étage, parce qu’il est presque malade de la fumée qui penètre le village venant de feux de paille et autres restants de l’automne et qui est plus forte au quatrième étage où est notre chambre ($15 pour la nuit, alors que celle de la veille n’était que de 25$, dans un hôtel de bonne qualité); notre guide est réveillé quant à lui vers 3hoo heures par des insectes (qui ne piquaient pas). J’ai bien dormi, découvrant les problèmes de mes collègues le matin… Mon idée est de faire une visite rapide de Dehang, histoire d’observer le site touristique et les touristes quand j’ai l’occasion, presque pas intéressé par le site lui-même. C’est à 20 minutes de Aizhai. Dehang est fidèle aux autres sites touristiques que j’ai déjà vus, normalement en mode observation des touristes. Tout est refait presque à neuf et – nous sommes tôt le matin et probablement tôt en saison – quand même lieu de multiples travaux et sans un nettoyage du ruisseau et ailleurs pour enlever le plastique et autres déchets venant des touristes et même des résidents de plus en plus adaptés aux modes modernes. Nous voyons tout le village à pied, expérience semblable à celle de la rue Tai Ping, en plus décourageant. Nous sommes de retour à notre hôtel à Aizhai dans un aller-retour record de deux heures. Petit regret: le spectacle de danse qui aura lieu plus tard dans la journée vaut la peine, assez inusité pour nous et plein de couleur, même s’il présente un spectacle qui est aujourd’hui plutôt muséologique.
Mon idée est de poursuivre à travers d’autres villages pendant la journée, en prenant des autobus locaux. Après plusieurs tenatives, je suis obligé de contenter que je me suis trompé concernant la géographie. Les villages sont situés au fond de longues vallées montant dans les montagnes de karst, et il n’y a pas de moyen de passer d’un village au suivant. Nous partons donc pour Tongdao, siège d’une autre éthnie, les Dong.
Nous n’avons pas d’hôtel réservé et nous pitonnons sur le cellulaire dans le foyer d’un hôtel et notre choix tombe sur un hôtel en deuxième place sur la liste, nous prenons un taxi et nous nous rendons. Nous apprenons que c’est le meilleur (et plus récent) hôtel de la petite ville. À notre arrivée, la directrice nous aide à essayer de réserver par Ctrip, cela en allant dans son bureau, et c’est assez impressionnant de la voir agir ainsi. Pendant l’effort, je lui indique (suivant une suggestion intéressante venant de Wikipedia) que nous voulons avoir un chauffeur/guide pour le lendemain. Elle nous en trouve un dans la demi-heure et – surprise – offre de nous accompagner comme guide gratuit pour le trajet d’une bonne partie de la journée! Nous ne la croyons pas au premier coup, mais c’est confirmé en vérifiant: nous allons passer à travers son pays natal où habitent encore de nombreus parents et connaissances et elle est même formellement guide aussi.
La journée est bien plus intéressante avec une locale comme guide et nous prenons un repas bien intéressant aussi. Premier arrêt: un autre village, Putou Zhai, où il faut payer pour entrer (sorte de UNESCO chinois, où je n’obtiens pas de rabais) sauf que cette fois-ci UNESCO et le gouernement ne semblent pas en contrôle. C’est un vrai village, plutôt grand (population entre 3000 et 5000) et nous le visitons, notre guide connaissant les gens et les coutumes. Les couleurs sont moins frappantes (noir et bleu surtout) que celles utilisées par les Miao, mais on vient à apprécier les costumes portés encore par bon nombre des gens. Nous semblons être non seulement les seuls blancs, mais les seuls touristes. D’après notre guide, les jeunes gens sont obligés de quitter le village pour du travail ailleurs dans la région, et une bonne partie des gens que nous voyons sont plutôt agés, histoire je crois comprendre d’une croissance de la population qui a dépassé la capacité du milieu à les soutenir.
Au dîner, le poisson trempé dans la saumure est leur spécialité, j’y goûte, mais c’est difficile à trouver de bon goût… Par ailleurs, il faut souvent faire attention aux piments: même si je suis bien habitué aux mets mexicains après avoir vécu au Nouveau-Mexique pendant sept ans, la quantité de piments est un peu (beaucoup) exaggérée, notoire pour la cuisine de Hunan. Nous visitons d’autres villages Dong par la suite; ils sont reconnus pour leurs tours à tambour et leurs ponts de vent et pluie, et nous réussissons à en voir plusieurs, tout en visitant des villages où l’architecture est toujours intéressante. Mon neveu et notre guide/directrice développe pendant la journée le moyen d’échanger par cellulaires interposés, chacun(e) avec application pour traduction vers l’autre. Cela devient presque une romance, surtout que toutes les filles chinoises (même Dong) sont fascinées par les visiteurs blancs mâles!
Dans les rizières
Le lendemain nous voit en route vers la plaine rizicole au sud de Changsha, près de Zhuzhou. C’est un autobus de deux heures et un train de sept heures qui nous attendent. Quand même intéressant de voir l’activité dans le train et de voir les paysages passer.
Mon objectif est de visiter des régions où un ensemble d’activités – minières, industrielles, agricoles, de construction – a fortement pollué les rivières et probablement les nappes phréatiques, alors que celles-ci fournissent l’eau pour inonder les rizières. La contamination qui en est résulté, à laquelle s’est ajoutée celle venant des déversements sauvages de résidus miniers et industriels et du lessivage agricole, ont laissé de bonnes parties de certaines régions contaminées (voir les liens dans l’article publié avant mon départ). Je ne m’attends pas voir la contamination, mais voir les gens et les rizières, peut-être plus.
La première journée nous ciblons Xinma, pour découvrir que cette assez grande municipalité (nous visitons surtout le village) ne produit plus de riz, les producteurs ayant été compensé (assez?) par le gouvernement en échange de l’arrêt de la culture du riz. Nous sommes dans une zone par où passe la rivière Xiang, la plus importante de Hunan. Nous découvrons – une surprise pour moi – que de nombreux champs de riz sont ensemencés directement, abandonnant la longue tradition suivant laquelle de jeunes plants de riz sont piqués directement dans les rizières préparées d’avance – à vérifier cette tendance… Nous observons, presque comme partout en Chine, que les gens se mettent à jouer aux cartes, et surtout à Mahjong, dès 15h00 heures. Nous aimerions beaucoup trouver le moyen d’interrompre le jeu un moment donné pour échanger avec eux, histoire de savoir comment ils passent leurs journée, travail, loisir, tàches domestiques, etc. On a clairement l’impression que ces gens se plaisent à ne pas travailler comme des esclaves, et acceptent – paraît-il – de vivre de façon modeste, que ce soit dans les villages ou dans les villes. Autre comportement à vérifier…
Nous échangeons brièvement avec un couple de riziculteurs (dont les parents vivent avec eux dans leur propre maison maintenant agrandie – 88 ans pour la grand’mère, 90 pour le grand’père) pour comprendre qu’ils paient quelqu’un pour passer avec un rotoculteur pour préparer le terrain et pour l’ensemencer ensuite; ils sont actuellement en train d’attendre les quelque trois mois pour procéder à la récolte, sans travail, mais ce portrait ne me semble pas satisfaisant. À noter que Xinma est un d’environ 400 «villages de cancer» où la contamination a eu des conséquences, et continue à en avoir, ce qui est confirmé par notre chauffeur/guide.
Indépendant de l’effort de comprendre la production de riz: Xinma se trouve à quelque 11 kilomètres de Zhuzhou, et l’expansion de la ville est rendue là. Un premier chauffeur, de Xiangtan, ne savait même plus où chercher le village, qui est quand même encore là. Par contre, le développement de toutes sortes, dont un parc industriel, sont aux portes du village, à quelques centaines de mètres de cette communauté qui paraìt encore presque intacte.
La deuxième journée cible une région à presque deux heures d’autobus de Zhuzhou, près des montagnes où se trouvent les mines de métaux non ferreux (sans parler de charbon…) ainsi que différentes industries, dont les fonderies. tout cela en amont d’autres grandes régions rizicoles. Nous visons Zhujiaqiao et prenont l’autobus dans cette direction (compté de You), pour aboutir dans une autre petite ville, Xiangtan. Une chauffeure de taxi nous confirme connaître les mines et les sites de contamination par les résidus – les rizières vont de soi – et nous partons en visant une visite de quatre heures. Finalement, elle connaît quelques sites dans la ville même, mais ne connaît pas où se trouvent les mines et les fonderies que je voudrais voir. Nous tournons en rond pendant les quatre heurs, voyant différentes parties de la région, qui se contrastent fortement avec celle des Dong, plus à l’ouest mais probablement dans les mêmes montagnes. Résultat de la journée: nous passons par une usine fermée et vidée de son équipement par le gouvernement que la chauffeure identifie comme ayant été une fonderie, mais qui n’en était pas une; nous visitons’une usine de production d’engrais qui semble avoir installé un système de traitement primaire pour son effluent, visant surtout de la sédimentation – il y a un nouveau conduit qui part de l’installation pour se diriger directement dans la rivière quand même avec seulement une partie de ses rejets enlevés; nous constatons la présence de dragage tout au long de la rivière MiShui (eau de riz…) pour obtenir des matériaux de construction: sable, pierre, graviers. Les rizières sont partout, et nous commençons à voir plus clair dans les techniques de production; nous ne voyons aucune activité sur les routes indiquant de l’exploitation minière, même de charbon.
Nous quitterons tantôt en TGV pour la province de Henan, plus au nord, et ensuite Shanxi et Shaanzi, où mon intérêt sera surtout pour le charbon dans la vie des gens.
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