Trop tard: La fin d’un monde et le début d’un autre sera en librairie la semaine du 15 novembre. Le quinze novembre même je vais faire une présentation au cégep Sainte-Foy, à la salle La Margelle, «La sortie du pétrole – plus que l’on pense. Il n’y aura pas de «transition»», cela à 19h15. Nous ferons en même temps un lancement du livre avec l’éditeur Écosociété.
D’ici là, voici un premier article depuis un bon bout de temps…
On pourrait s’attendre à mieux de nos décideurs et de notre élite. En dépit d’analyses qui démontrent les limites du pétrole, qui fournissent les lignes qui devraient dominer la sortie du pétrole et qui nécessitent des changements profonds dans la prise de décision venant d’une compréhension des enjeux fondamentaux, il n’en est presque rien.
Le positionnement de nos élites
André Pratte, ancien éditorialiste de La Presse et maintenant sénateur, devrait en savoir plus qu’il ne laisse paraître. Dans une lettre au Devoir du 11 octobre dernier, même s’il débute avec une reconnaissance des facteurs économiques qui ont déterminé la décision d’abandonner le projet Énergie Est, Pratte fournit par la suite une analyse du développement économique dépassée non seulement par les événements mais par les faits.
Il note qu’il aurait «souhaité que les élus québécois, tout en exprimant les réserves que leur inspirait le projet, tiennent compte de son importance pour l’économie de l’ouest du pays, économie dont nous sommes nous-mêmes bénéficiaires. Il y a eu dans ce rejet massif de la part des politiciens une certaine hypocrisie, notamment quand il venait de la part de dirigeants de grandes villes carburant à l’automobile.» Il y prône le «juste milieu» traditionnel entre les exigences environnementales et les impératifs économiques qui a contribué à la dégradation progressive et maintenant irréversible des écosystèmes.
Et il propose qu’«en raison de l’immensité de son territoire, la prospérité du Canada dépendra toujours en bonne partie de ses ressources naturelles. Le pétrole et le gaz en feront partie pour encore plusieurs décennies.» Pratte reprend ainsi les revendications du Manifeste pour tirer profit collectivement de notre pétrole signé par une brochette des élites québécois (Pratte s’étant désisté parce qu’il était journaliste, faut-il croire) et faisant la promotion du développement des possibles ressources fossiles sur le territoire québécois. Konrad Yakabuski reprenait le même refrain le même jour dans le même journal dans sa chronique «Les Albertains se souviendront» en soulignant que les exigences envers Énergie Est dépassent celles appliquées envers le pétrole importé, lui aussi responsable d’impacts similaires.
Les propos des Pratte et Yakabuski sont probablement assez justes concernant l’hypocrisie de l’opposition (que j’appelle l’esprit de NIMBY plus bas), mais les lacunes dans leurs perspectives reflètent finalement les lacunes dans celles de nos décideurs. Celles-ci semblent venir inéluctablement de la dépendance totale de ces gens, notre «élite», aux économistes qui maintiennent partout et en tout temps le discours – la conviction, finalement – à l’effet qu’il n’y a pas de limites ni dans l’approvisionnement de notre modèle économique en ressources, à un prix abordable et en quantités suffisantes, ni dans «l’espérance de vie» de ce modèle.
Les facteurs économiques
Transcanada a abandonné son projet Énergie Est parce qu’il ne représentait plus l’avenir de l’entreprise. Même si l’opposition au projet en a rendu sa gestion du projet plutôt pénible et l’aurait peut-être bloqué plus tard, Transcanada savait que (i) le coût du pétrole sur les marchés rend non rentables de nouvelles exploitations dans les sables bitumineux, (ii) il y a toutes les raisons de croire que ce coût va rester bas pour une période assez longue et que (iii) il y a suffisamment de capacité dans les pipelines déjà existants ou approuvés pour transporter son pétrole synthétique vers les raffineries et les marchés. Un article de juin dernier dans Alternatives Journal en fournit un portrait assez complet pour ce qui est des pipelines et de la future production des sables bitumineux.
Gérard Bérubé, dans sa chronique hebdomadaire pour Le Devoir, place les enjeux et la décision dans le contexte des impacts économiques pan-canadiens de la «fracture» et de la «facture» bitumineuses. C’était le lendemain de la parution de la lettre de Pratte, et il avait clairement fait ses devoirs avant. Bérubé décrit les contraintes qui font que le «développement économique» des provinces de l’ouest par l’exploitation de leurs ressources aboutit au «mal hollandais». Ceci fait écoper l’activité manufacturière et exportatrice des provinces de l’est (l’Ontario et le Québec) pour une partie importante de son déclin face à la hausse de la devise canadienne liée à la hausse du prix du pétrole, qui rendait faisable l’exploitation des sables bitumineux pour un certain temps.
Les facteurs biophysiques
Plus généralement, et clé dans l’analyse, les grandes agences internationales de l’énergie reconnaissent que la production du pétrole «conventionnel» d’ici une quizaine d’années va subir un déclin précipiteux, avec un épuisement progressif mais rapide de ce qui reste des énormes réserves qui ont propulsé l’économie mondiale depuis près de cent ans. Un tel échéancier permet de mieux situer les réflexions par rapport au calendrier déjà établi par le GIÉC mais dont ni les élites, ni la plupart des journalistes, ni les écologistes ne tiennent compte dans leurs interventions. Les agences reconnaissent que le potentiel du pétrole et d’autres énergies fossiles «non conventionnelles» – le pétrole et le gaz de schiste, les gisements exploités en eaux très profondes, les sables bitumineux – ne répondra d’aucune façon aux quantités requises pour contrer le déclin du conventionnel et en offrir un remplacement (voir la figure ci-haut, en cliquant dessus).
Pire, et presque nulle part reconnu non plus, ces énergies non conventionnelles ont un rendement sur l’investissement en énergie (ÉROI) très bas par rapport aux rendements presque stupéfiants du pétrole conventionnel. Elles seront non seulement incapables de remplacer les énergies fossiles conventionnelles; leur propre production se manfestera incapable de soutenir notre système économique fondé sur un accès à des énergies avec un haut rendement, et peu chères.
Il semble fort possible que la baisse du prix du pétrole depuis 2014 représente une réaction des marchés à des prix élevés et insoutenables dans la période précédente (même si on doit bien reconnaître aussi d’autres facteurs, comme le surplus de production du pétrole et du gaz de schiste). La situation est loin d’être inédite, un prix élevé du pétrole ayant coincidé avec l’ensemble des récessions connues dans les pays industrialisés depuis les années 1970, incluant la Grande Récession, précédée par des prix du pétrole élevés (voir la figure).
Une opposition à réorienter
La situation mérite une attention particulière. Déjà, une mobilisation s’annonce pour contester toute une série d’autres projets d’exploitation d’énergie non conventionnelle; l’opposition partirait des mêmes bases que celle qui semblait – à tort – avoir arrêté Énergie Est. Le nouveau défi n’est pourtant pas de poursuivre dans la longue tradition de contestation, mais de reconnaître que cette longue tradition connaît actuellement un aboutissement qui la met en cause. Peu des projets en vue pourront se réaliser avec les bas prix du pétrole et du gaz actuels, et il serait au moins pertinent de reconnaître, non pas (non seulement) les chiffres alarmants concernant la progression des émissions de GES et des perturbations des changements climatiques, mais le portrait global qui définit la «sortie du pétrole» et un changement profond de notre société qui se dessine.
L’opposition s’insère assez clairement, mais sans s’en apercevoir, dans une approche NIMBY. Comme Yakabuski le souligne, nous n’appliquons pas les mêmes critères à la production canadienne (qui cible surtout l’exportation) qu’à la production étrangère qui constitue la source de nos importations et dont nous avons grandement besoin dans la situation actuelle. Dit autrement, les craintes exprimées face à la pollution possible de notre environnement s’avèrent déjà des réalités ailleurs où la production connaît ses ratées; les émissions supplémentaires venant du recours aux sables bitumineux restent quand même relatives, et ne représentent pas le principal enjeu. Le Manifeste Bond vers l’avant de 2015 a fourni le principe complémentaire à celui qui prône la protection de l’environnement chez nous: «pas dans ma cour ni dans la cour d’autrui».
Dans un article du 27 avril 2016 et dans une mise à jour fait le lendemain suite à la sortie d’une déclaration contre le «piège d’Énergie Est», j’ai esquissé quelques éléments de la problématique:
La déclaration du 27 avril constate que le pipeline [Énergie Est] représente une infrastructure qui nous lierait à un développement pétrolier à long terme (ou à la faillite des propriétaires du pipeline, une alternative possible) et insiste que «l’histoire exige de nous un avenir où d’autres formes d’énergie, d’autres logiques de production et de consommation prédomineront.» Cela comporte «l’impératif d’une transition énergétique immédiate. C’est là que nous devons investir nos énergies et canaliser notre inventivité». Ceci semble être explicité un peu avec les propos suivants:
[Le pipeline] nous rend complices du programme économique de quelques grandes entreprises détenant des droits d’extraire et dont l’intention se résume à l’expansion de leurs profits… Autoriser Énergie Est, c’est s’exposer à des risques majeurs pour des retombées qui affaibliraient à terme notre économie… En un mot, Énergie Est symbolise notre enfermement collectif dans un modèle de société qui nie les dangers que représentent les changements climatiques.
J’aimerais voir les signataires (et d’autres) élargir leurs interventions dans le sens de cet article et de celui sur Énergie Est qui prétendent qu’un complément nécessaire au rejet de l’expansion des sables bitumineux est une diminution dramatique des émissions venant de nos transports. Cela implique :
une reconnaissance du fait que nous laissons à d’autres les risques et les dégâts associés à notre usage de pétrole [importé], à moins de compléter le sens de l’intervention et reconnaître que [une cohérence] l’opposition à l’exploitation des sables bitumineux comporte à toutes fins pratiques l’abandon de l’automobile privée dans nos vies quotidiennes, puisque celle-ci représente notre principale utilisation de pétrole (et d’émissions de GES);
une reconnaissance que l’abandon de toute expansion de l’exploitation des sables bitumineux et l’abandon de l’automobile privée dans nos vies comportent (pour le premier) un risque pour l’économie canadienne [en mettant entre parenthèses le fait que cette expansion va être contrainte de toute façon] que nous assumons et (pour le deuxième) un bouleversement de notre société et de nos vies que nous devons promouvoir avec autant d’insistance;
la nécessité d’efforts pour bien cerner la société et l’économie qui sont l’objet de nos revendications et une acceptation de ce que cela comporte, presque sûrement, soit ce que Tim Morgan appelle une «récession permanente», à laquelle nous devons nous préparer.
Cela à moins de poursuivre dans le déni que représente l’adhésion à l’idée de l’économie verte avec son leurre technologique, ensemble qui devient de plus en plus clairement un rêve sans fondement dans la réalité.
Devant l’effondrement de notre système économique
La déclaration souligne que «l’histoire exige de nous un avenir où d’autres formes d’énergie, d’autres logiques de production et de consommation prédomineront» et comporte «l’impératif d’une transition énergétique immédiate». Je souligne ma crainte que la volonté est de «poursuivre dans le déni que représente l’adhésion à l’idée de l’économie verte» de recourir à notre «inventivité» dans notre effort de nous maintenir dans la concurrence mondiale sur le plan économique.
C’est intéressant de faire une autre mise à jour à cet égard, avec des textes dans Le Devoir du 1er novembre: un éditorial de Guy Taillefer, «Catastrophe annoncée» (où il semble avoir des doutes quant à son constat que «les moyens existent»; un titre du haut de la première page ,«Le climat de dirige vers la catastrophe», avec lien vers un article de la page 3 d’Alexandre Shields avec titre «Un rapport de l’ONU donne droit dans le dos». Cet article porte sur un rapport du PNUE qui souligne toute une série de manquements par rapport à l’Accord de Paris alors que l’éditorial de Taillefer porte aussi sur un autre rapport, de l’Organisation mondiale de la santé, suivant un rapport du Lancet qui conclut que les impacts sur la santé sont bien pire que ce que l’on pensait jusqu’ici. Et Bérubé de revenir le 2 novembre avec une autre chronique percutante, «Pourquoi la COP 23?» montrant les énormes lacunes dans l’Accord de Paris pourtant l’objet d’éloges par nombre de militants et censé nous orienter dans nos interventions.
L’énergie fossile conventionnelle risque de devenir peu abondante au cours des quinze années qui viennent (voir la figure, une autre version de celle du début de l’article).
Son rendement énergétique, l’ÉROI qui trace les quantités extraites par rapport aux quantités d’énergie requises pour l’extraction, a été impressionnant. Passant d’environ 100 avec les découvertes des gisements inimaginablement importants dans le Moyen Orient dans les années 1930 à moins de 20 aujourd’hui, le déclin aurait dû nous alerter bien avant.
L’ÉROI global aujourd’hui est le cinquième de celui qui a marqué le début de notre ère, et il y a fort à parier, en sus, que le calcul combine souvent l’ÉROI de nos approvisionnements venant des gisements conventionnels qui continuent à produire et l’ÉROI de ceux venant des nouveaux gisements non conventionnels, avec leur ÉROI très bas. La figure ici, même si les calculs ont été plutôt approximatif, fournit le portrait du déclin.
Cette figure nous fournit en même temps le portrait de notre avenir, soit une nouvelle ère où l’énergie accessible aura un rendement énergétique incapable de soutenir notre société, notre civilisation. Peu importe que nous soyons capables de payer le prix élevé de ces nouveaux approvisionnements fossiles imaginés, peu importe que ces approvisionnements imaginés soient calculables en fonction des réserves soupçonnées, le pétrole (et le gaz) qu’elles produiront auront un rendement énergétique net trop faible pour nos besoins (ceux-ci étant par ailleurs grossièrement exagérés, comme l’empreinte écologique le montre). À noter que je ne parle même pas de l’espoir assez naïf à l’effet que les énergies renouvelables vont répondre à l’appel et nous permettre de remplacer – avec notre «inventivité», suivant la déclaration du 27 avril 2016 – l’énergie fossile dont nous allons perdre l’accès assez rapidement.
À noter aussi que l’échéance dont parle mon livre ne concerne même pas les changements climatiques et l’ensemble des impacts que nous voyons partout, quotidiennement. Le livre fait le bilan de l’absence de réponse, non pas à l’Accord de Paris, mais à l’avertissement de Halte à la croissance il y a 45 années. Nous sommes devant la catastrophe annonce, mais ce n’est même pas celle qui effraie les journalistes.
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Merci pour cet article très éclairant. Il concerne, je suggère, notre soumission, en tant qu’Occidentaux, au concept de progrès.
L’historien américain Daniel Boorstin disait que « the first modern ideology, the first « scientific » dogma of human history, was the idea of progress ». Dans l’Antiquité, les sociétés qui nous ont précédées avaient une perception cyclique du temps, ce qui était conséquent avec leur conception géocentrique de l’univers. Les monothéismes, et le christianisme en particulier, avec les notions de dieu créateur et de fin du monde, ont introduit une perception linéaire providentielle du temps. La révolution scientifique et la fin du géocentrisme nous ont convaincu du progrès, qui a remplacé Dieu à la barre de l’histoire.
À mon avis, aller à l’encontre de ce paradigme c’est pour beaucoup de monde, aller à l’encontre du bon sens. Pourtant, admettre la possibilité d’une récession permanente et se méfier de la victoire inévitable de notre inventivité attaque directement notre foi dans le progrès. Bons débats en perspective.
Pierre Ross
Et quid du gaz naturel dont la production et la consommation sont en forte croissance ? Les réserves en sont énormes, mais évidemment épuisables.
Toujours est-il que le gaz naturel, même s’il devait passer plus intensivement dans les transports pour y remplacer le pétrole en partie, ne fera qu’ajouter du CO2 et du méthane dans l’atmosphère…
Sans hydrocarbures fossiles, la civilisation thermo-industrielle s’effondrera; trop d’hydrocarbures et de GES et ce sont l’agriculture (et sans doute aussi les pêcheries), les infrastructures et les écosystèmes qui déclineront plus ou moins sévèrement.
D’un côté comme de l’autre, c’est à peu près foutu. Qui survivra verra. 😉
Mon point fondamental est que l’effondrement économique, en partie venant d’une baisse de l’ÉROI des énergies fossiles, va rendre le débat sur le gaz plutôt dépassé.
Yves Cochet a écrit dans le quotidien français Libération qu’au cours de la prochaine décennie un effondrement économique pourrait survenir causé par des contraintes environnementales de plus en plus lourdes, dont au premier chef celles issues des ressources énergétiques. Comme nous vivons dans une société où la complexité des rapports économiques repose sur une énergie abondante (voir Tainter, 1988, L’effondrement des sociétés complexes), des crises en cascades vont suivre ce dérèglement.
C’est la thèse de Halte à la croissance, fondamentale pour l’argument de mon livre. Ce serait intéressant d’avoir le lien pour l’article de Cochet.
Voici le lien pour lire la tribune de Cochet:
http://www.liberation.fr/debats/2017/08/23/de-la-fin-d-un-monde-a-la-renaissance-en-2050_1591503
Monsieur Mead,
Je suis occupé à lire votre livre « Trop Tard ». Votre thèse repose assez complètement sur la comparaison des données économiques, sociales et environnementales contemporaines avec celles de 1972. Vous concluez que, malgré tous les efforts, rien ne dévie par rapport au scénario BAU. Et ça entraîne votre rejet des approches du genre « économie verte ».
Je me pose la question suivante, et peut-être pourrez-vous me référer à des documents sur ce thème. Quand on compare les données contemporaines à celles de 1972-74, tient-on compte de ceci qu’il y a maintenant une classe moyenne beaucoup plus vaste dans ces pays qu’on regroupe par exemple sous l’appellation de BRIC? Ces classes moyennes consomment évidemment beaucoup plus que les anciennes classes rurales et plus pauvres. La question que je me pose est donc la suivante: si on n’en avait pas tenu compte, si on n’avait pas prévu leur croissance, leur existence maintenant entraînerait par exemple un niveau de pollution beaucoup plus grand que celui prédit et que celui observé. Et si on n’observe pas ce niveau de pollution plus grand, ça pourrait vouloir dire que, en fait, les actions des environnementalistes ont eu un effet positif. Ça minimiserait les raisons de votre rejet des philosophies du genre « économie verte » par exemple.
Comment puis-je pousser plus loin mon étude sur cette question?
Robert Bernier
Il faudrait que je retourne dans le modèle pour les détails, mais je crois que nous pouvons présumer que les projections de croissance économique de Halte n’insistaient pas sur le lieu de l’activité mais sur ses impacts compris généralement, cela surtout en matière de ressources énergétiques (mais pas seulement). Les données et les travaux basés sur les données de Graham Turner (voir la page 33 du livre) suivent les projections dans leur généralité. La pollution (leur choix mettait l’accent sur les GES) suit celles-ci autant que les autres paramètres.
Quant à ma thèse à cet égard, je propose justement que nous pouvons nous fier aux travaux de Halte dans leur généralité, tellement leur modèle semble décrire les fondements de notre société et du comportement des populations; ceci est rejeté par l’économie verte qui propose qu’il est toujours possible d’aller dans un autre sens. Reste que le chapitre 5 cherche à montrer de façon indépendante que nous sommes dans la trajectoire du BAU sans qu’il y ait la moindre référence à Halte pour cela.
Les actions des environnementalistes ont certainement eu des effets positifs, mais cela dans un contexte où ces effets répondaient à un système qui exigeait toujours plus pour mitiger ses impacts. La taille du système s’est accrue, dépassant les limites… Ce serait peut-être les références de ce chapitre 5 qui constitueraient les meilleures pistes pour poursuivre. S’il n’y a pas de pic de pétrole conventionnel, s’il n’y a pas de problème avec l’approvisionnement en énergie abondante et bon marché, si nos sociétés peuvent se passer de cette énergie abondante ma thèse est affaiblie pas mal plus que par des efforts de suivre les projections de Halte. Voilà que ce serait à ce moment-là que les changements climatiques nous rattraperaient, plutôt que l’effondrement économique…
Merci de votre réponse. Je pense que je vais remonter moi-même aux papiers fondateurs des Meadows pour commencer. Votre livre est très bien documenté et je pourrai retrouver ce qu’il me faut.
Je vous comprends en effet lorsque vous dites, en pleine cohérence avec votre thèse, « S’il n’y a pas de pic de pétrole conventionnel, s’il n’y a pas de problème avec l’approvisionnement en énergie abondante et bon marché, si nos sociétés peuvent se passer de cette énergie abondante ma thèse est affaiblie pas mal plus que par des efforts de suivre les projections de Halte. Voilà que ce serait à ce moment-là que les changements climatiques nous rattraperaient, plutôt que l’effondrement économique… » comme vous dites.
Merci d’avoir pris ce temps.
Robert Bernier