En décembre dernier, Le Soleil et La Presse+ ont publié mon texte «Changements climatiques et inégalités: La paralysie de la société s’explique par l’inimaginable», un article où j’esquissais, partant des analyses de mon livre, les énormes défis devant nous et qui ne seront pas relevés tellement les exigences seront grandes et allant dans le sens contraire à des décennies de comportement dans nos sociétés riches. Finalement, nous ne sommes même pas capables d’imaginer ce qui s’en vient.
Le 17 février, La Presse+ a publié «Le troisième lien et l’avenir de l’auto», un deuxième article constituant un effort de rendre imaginable – mais à peine – la situation qui se présente au Québec face aux défis chiffrés par le GIÉC pour respecter au moins notre part dans l’effort d’y répondre.
La mobilisation récente autour du Pacte de Dominique Champagne et de la Déclaration d’urgence climatique (DUC) se fait presque en abstraction des chiffres définissant les défis. C’est certainement le cas pour le Pacte, et le projet de loi conçu et diffusé dans les derniers mois par deux avocats de la société civile, une sorte de concrétisation du Pacte, propose d’encadrer des gestes du gouvernement en partant des engagements de ce dernier, beaucoup trop faibles pour répondre à presque quoi que ce soit. La DUC fournit une référence en bas de la dernière page à l’ouvrage récent de Paul Hawken, Drawdown, qui quantifie un ensemble de mesures proposées, en bonne partie, depuis des années, mais se situe directement dans le grand effort en place depuis ces années à effectuer les changements (énormes) requis. Je présente dans mon livre mes raisons pour croire que cet effort a échoué.
Ce deuxième article part donc avec la seule analyse que je connais des implications d’un respect des objectifs établis par le GIÉC et inscrits dans ceux du gouvernement de l’époque. Assez simplement, le Québec devrait planifier la disparition de son parc de véhicules privés d’ici environ 2030. Il s’agit d’un résultat impliqué dans les projections de Tony Seba, suivant l’arrivée de la technologie perturbatrice du véhicule électrique autonome, mais, presque peu importe la justesse de ces projections, d’autres phénomènes dont je parlais dans le premier article et dans mon livre risquent d’imposer ce résultat en dépit des résistances fortes de la population.
En vérifiant les données sur la production du pétrole pour mes travaux, je suis retombé sur le graphique clé de mon livre et qui présente la portrait venant de l’Agence internationale de l’énergie de l’OCDE quant à la production – disons la disponibilité – d’un pétrole capable de répondre à nos besoins, cela d’ici 2030. Pas surprenant, il ne s’y trouve pas beaucoup de nouvelles pour les projections venant de 2014 par rapport au graphique partant des données de 2008 que j’ai utilisé…
by Lire la suiteEn résumé, la position de Tverberg cherche à réunir une multiplicité de facteurs, interreliés, dont les données sont raisonnablement solides (sources: agences d’énergie, bureaux de statistiques). Notre modèle économique exige une quantité importante et toujours croissante de ressources, surtout énergétiques, une compensation pour une diminution du retour sur l’investissement (ÉROI et financier) aboutit à une complexité de plus en plus grande dans nos sociétés, et un endettement permanent est presque inhérent dans l’approche mais nous exposera à un éclatement d’une bulle d’endettement quand ce sera trop important. Le modèle économique a poussé les sociétés à des niveaux d’inégalité qui semblent extrêmes; clé dans son analyse, l’effondrement de la production industrielle, suivant Halte à la croissance, est relié à cet élément sociétal.
Sans que Tverberg le mentionne, cette situation est presque ironique, puisque l’incapacité des travailleurs «non qualifiés» – de plus en plus nombreux – fait qu’un effondrement est presque inéluctable, avec baisse des prix parce qu’il y a absence de consommateurs. L’énorme croissance démographique de la période depuis la Deuxième Guerre mondiale a également mis tout effort de gérer les défis contemporains face à une incapacité croissance de répondre aux attentes, avec des perturbations sociales se manifestant un peu partout. Voilà le portrait que Tverberg présente: sans que nous sachions les niveaux auxquels les pressions dépassent les limites, les pressions sont de plus en plus manifestes et interreliés. Par contre, il n’y a aucune reconnaissance de cette situation dans la société.
2019 : le début de l’effondrement selon les projections de Halte
Le but de l’exercice de son premier article, de décembre (voir mon article précédent), semble être de faire les préparatifs pour un autre article, du 9 janvier. Elle y commence avec une référence aux bourses, erratiques depuis quelques mois. En effet, elle essaie de lire les feuilles de thé pour voir si on arrive à la projection de Halte. C’est un exercice intéressant, mais périlleux… L’article n’ajoute pas beaucoup à l’analyse du premier article, mais se distingue par sa projection assez explicite pour un début de l’effondrement de Halte (et plus) en 2019. Elle ajoute les risques financiers à ceux associés au graphique du Club de Rome.
Elle fournit dès le départ le graphique des projections du scénario business as usual mis à jour par le Smithsonian en 2012, le même que j’utilise dans mon livre, et elle y insère une ligne verticale qui représente la situation actuelle, qu’elle appelle 2019, mais qui correspond à 2025 dans le graphique. Sa proposition: plusieurs éléments du portrait actuel représentent le début de l’effondrement, sans que l’on ne s’en apperçoive. C’est la poursuite de son analyse dans l’article précédent, qui caractérise l’économie mondiale comme système auto-organisateur.
Plutôt que des prix trop élevés pour le pétrole, alors qu’ils sont actuellement bas et tendant vers le bas, comme principale cause, elle voit une baisse de la demande et de la production en raison de l’incapacité des travailleurs «non qualifiés» à acheter, avec comme conséquence une baisse des prix, comme elle proposait dans le premier article – et voilà, les producteurs des commodités vont suivre les producteurs de l’énergie dans la baisse de la production. C’est son portrait de l’effondrement de la production industrielle.
Comme indications de problèmes, elle suggère:
Le dernier point est intéressant, avec une grande installation portuaire pour l’exportation du charbon en Inde en pleine construction (ou récemment terminé) dans la partie nord du Queensland près de la Grande Barrière. De façon plus générale, elle suggère que nous lisions l’actualité avec des critères d’analyse qui quittent les interprétations du genre business as usual.
Un effort de se positionner, avec les événements contemporains
Elle aborde le rôle des tarifs imposés par Trump en recourant à des leçons de l’histoire, où une telle initiative est entreprise face à des baisses de nourriture disponible ou de baisses dans la production industrielle (les deux per capita) – on voit qu’elle se prépare à associer cela aux projections de Halte, mais sans tenir compte des motivations de Trump. Finalement, on peut penser que Trump agit contre les pays responsables des déficits commerciaux américains et les pertes d’emploi dans le domaine manufacturier, et on voit que cela peut ressembler à ce qu’elle décrit comme la baisse de la production industrielle. Pour une bonne partie de la population, elle propose – suivant d’analyses sérieuses de la victoire de Trump en 2016 – qu’il y a un manque de capacité à faire des achats, le «pouvoir d’achat» des gilets jaunes dans une autre perturbation contemporaine.
Elle revient à son diagramme montrant les trois vecteurs de la croissance économique : complexité, recours à une dette (avec bulle) et aux ressources naturelles et elle propose que l’économie mondiale s’approche des limites dans les trois dimensions. La complexité inclut le commerce international et elle suggère qu’il y a des disparités de revenu qui en résultent qui occasionnent la baisse de pouvoir d’achat. La dette permet d’expansion de la production et des achats, mais quand elle est trop importante ou la Fed décide d’augmenter les taux d’intérêt, cela peut aboutir à une récession et la baisse de prix des commodités. Cela semble être le cas aujourd’hui (elle fournit un graphique utilisant le prix Brent du pétrole et un autre qui indique de moments quand le taux court terme excède le taux long terme). Quant aux ressources, c’est surtout une question de retour moindre avec l’apprauvissement des gisements/sources.
Et voilà, elle aborde son point principal: une production (disponibilité) de pétrole moindre – ce n’est pas le cas actuel – aboutira à un prix du pétrole plus bas plutôt que plus haut en dépit des pressions de la baisse du retour sur l’investissement. Le problème, elle insiste: il n’y a pas assez pour tout le monde, et une baisse de la consommation en résultera (son graphique montre le contraire, une légère tendance vers le haut pour la consommation mondiale, figure 8). Il y a surtout une baisse de la consommation dans les secteurs névralgiques, voyant la consommation à la baisse pour les gens non qualifiés qui n’ont pas les moyens de l’acheter.
Elle passe ici au fait que (1) le modèle de Halte n’inclut pas le secteur financier, comme elle dit assez souvent, et donc ne tient pas compte de la composante dette dans son graphique de base avec les trois composantes. (2) Elle prévoit de la volatilité financière en 2019, poursuivant ce qui s’est passé depuis deux mois. Le gros risque sera les «derivatives». (3) L’effondrement n’arrivera pas à tous les pays en même temps, ceux dépendant plus d’énergie importée étant les plus vulnérables. (4) La croissance économique en Chine montre des faiblesses, ce qui pourrait augurer mal pour son maintien. (5) Les pays exportateurs de pétrole – Venezuela, Arabie Saoudite et Nigéria, par exemple – deviennent vulnérables sur le plan de la stabilité des gouvernements. (6) Les épidémies semblent plus probables dans les pays avec des problèmes financiers sérieux, comme le Yemen, le Venezuela, la Syrie. (7) Des guerres pour les ressources deviennent plus probables, avec graphique suggérant que la Première Guerre mondiale était peut-être le résultant en partie de pressions sur le charbon, alors que c’était la situation en Angleterre et en Allemagne pour la Deuxième Guerre mondiale. (8) Il y a la possibilité que des institutions internationales, comme l’UE, la WTO et le FMI, cessent de fonctionner, en notant que le Brexit est un précurseur possible de l’effondrement de l’UE. (9) Les fonds de retraite privés risque de faire défaut en raison de bas taux d’intérêt et donc de rendement promis. (10) Une récession pire que la Grande Récession semble en vue, devant l’impossibilité de financer la dette avec une économie qui rétrécit.
by Lire la suite
Le blogue «Our Finite World» de Gail Tverberg figure prmi ceux que je recommande. Elle a un style déroutant, présentant ses analyses sans la moindre indication de son point de vue global; dans une conversation l’an dernier, elle m’a indiqué qu’elle n’a aucune illusion quant à un impact quelconque de ses travaux, et elle se limite donc à essayer de comprendre. Le titre de son site, et ses analyses, montrent qu’elle suit dans la lignée de Halte, et cela ressort de temps en temps explicitement.
Récemment, elle a produit deux articles qui, d’une part, présentent son évaluation globale – nous nous approchons de l’effondrement projetté par Halte à la croissance – et, d’autre part, ce faisant, elle cherche à réunir une multiplicité de facteurs en cause. J’ai décidé d’essayer d’y chercher le cœur de son argument.
Dans mes propres travaux, j’ai déjà essayé d’esquisser quelques pistes pour préparer une future société post-effondrement, mais je ne me suis pas penché sur un effort de bien cerner les signes qui nous diraient que l’effondrement est en cours. Finalement, on doit constater que les différents facteurs soulignés par Tverberg semblent bien pertinents, mais nous n’avons pas de seuils pour ces facteurs qui indiqueraient quand leurs limites seraient dépassées. Elle nous présente presque une intuition, avec des pistes intéressantes…
De son côté, Catherine Paquette a consacré un article de GaïaPresse récemment sur toute cette question de la collapsologie.
Mise en contexte: les projections de l’EIA
Tverberg part dans un premier article, le résumé d’une présentation dont elle utilise les diapositives, avec des prévisions pour la production de l’électricité provenant de l’EIA (Energy Information Administration) des États-Unis, cela en présumant de la poursuite d’un recours important à l’énergie fossile jusqu’en 2022. Pour elle, les projections de cette agence américaine sont à critiquer pour leur présomption (entre autres) d’une capacité de payer, de la part des populations, un prix le triple de celui d’aujourd’hui. Elle poursuit en insistant sur l’effet pervers des subventions et priorités accordées aux énergies renouvelables comme baissant le prix de toute l’énergie et rendant non profitables des efforts d’innover dans le secteur de l’électricité: l’électricité est aussi problématique que l’énergie fossile. Le but de sa critique semble être de préparer l’argument du deuxième article, à l’effet que nous nous approchons de l’effondrement projeté par Halte, mais il y a beaucoup d’étapes entre les deux.
Les projections de l’EIA sont pour des hausses importantes dans le prix de l’électricité pour 2022 (le temps requis pour la planification de nouvelles infrastructures). Pour les centrales électriques, le CCS (la capture et l’entreposage sous terre du CO2) est présumé, à différents niveaux, ce qui augmente davantage le prix qu’elle trouve inapplicable économiquement. Elle semble présumer qu’il n’y aura pas d’interventions face aux changements climatiques par les sociétés alors que, presque surprenamment, l’EIA l’incorpore dans ses projections (cf. diapositive 14), qui présument par ailleurs que le recours au charbon va continuer à diminuer, alors que Tverberg souligne qu’il n’y aura pas de substituts suffisants pour le remplacer, et le gaz naturel connaît des problèmes de rentabilité.
Complexité, endettement, ressources – et démographie
Pour Tverberg- comme pour les économistes biophysiques – , l’économie est un système qui s’auto-organise en fonction des lois de la physique (comme limites et contraintes) et comporte trois composantes: un endettement qui semble structurel et nécessaire; une dépendance aux ressources naturelles; une complexité qui s’accroît en réponse aux contraintes. Son graphique à trois vecteurs pour ce portrait met en contrepartie le défaut de paiement, un épuisement des ressources à un prix d’exploitation raisonnable (absent du graphique) et un effondrement du système. Le maintien du système dépend surtout d’une croissance constante de la production et de la consommation d’énergie per capita.
À cet égard, Tverberg fait intervenir deux graphiques où elle montre les résultats d’un calcul de la distribution de cette énergie accrue entre des initiatives qui permettent de hausser le niveau de vie et d’autres répondant aux besoins de base d’une population également accrue. Presque comme trame de fond de son argument, la croissance démographique au fil des décennies a abouti à l’arrêt de l’amélioration du niveau de vie et les tendances vers des disparités de plus en plus importantes du revenu des différentes parties de la population (finalement, une version de la distinction 1%/99%). La situation actuelle, la période depuis 1980 environ, correspond à la fin de la croissance de la production énergétique per capita (qui se rapproche de l’argument de Halte).
Débute ensuite son effort de réunir de nombreuses indications de problèmes venant de la situation contemporaine, en soulignant que les effondrements arrivent (arrivaient dans le passé, selon sa généralisation) quand le prix de l’énergie était dans un creux. Derrière cette situation est l’accroissement des inégalités et d’une population de plus en plus importante incapable de créer une demande pour des produits nécessitant énergie et maintenant donc un prix élevé. Ces effondrements dans le passé – elle maintient sa généralisation – étaient souvent suivis de guerres qu’elle pense raisonnable de décrire comme des guerres pour les ressources.
Le portrait (diapositive 27), qu’elle attribue au passé et propose pour le présent, alors qu’elle cherche à mettre un accent sur plusieurs facteurs, et non seulement des contraintes du côté de l’énergie fossile conventionnelle:
Les mauvaises et les bonnes interprétations
Tverberg fait des critiques régulièrement des propos courants autour du portrait qui pensent décrire la situation, comme les projections de l’EIA (et de l’AIÉ), cela suivant les orientations de l’économie néoclassique. Elle les résume (nous les connaissons): la hausse du prix de l’énergie ne sera pas un problème (elle mentionne les gilets jaunes, et voir l’argument de Normand Mousseau dans l’article de GaiaPresse mentionné plus haut); la variabilité du prix (renouvelables intermittentes, gaz en fonction du prix) ne sera pas un problème; il n’y a aucun problème face à un épuisement hypothéthique des ressources; l’économie va pouvoir s’accommoder d’une quantité moindre d’énergie, ou pouvoir remplacer l’énergie fossile avec les renouvelables; les leaders politiques seront capable de gérer la situation; il est approprié de présumer des modèles de changements climatiques qui voient la poursuite du business as usual; le système économie-énergie va pouvoir s’adapter aux décisions des leaders politiques. (diapositives 8 et 9)
Selon Tverberg, la globalisation a réussi à maintenir des bas prix jusqu’ici, mais l’ensemble va à l’encontre des lois de la physique (de la thermodynamique). La bonne approche, suivant l’économie biophysique, tient compte des paramètres de son graphique sur l’énergie-économie résumé ci-haut: (i) il y a un vecteur consommation d’énergie, incluant le travail physique humain; (ii) il y a un vecteur complexité, suivant Tainter, avec l’apport technologique, la globalisation, la taille de plus en plus grande des entreprises et une éducation avancée pour une partie de la population; (iii) la dette, facteur important dans la croissance, comporte plusieurs composantes autre que la dette financière, incluant les prix des stocks, la sécurité sociale, voire le prix des actifs qui comporte un engagement envers de futurs produits et services dont la production exigera de l’énergie.
Elle ajoute à ces vecteurs, sans les inclure dans le graphique, l’accroissement des inégalités de revenu, qu’elle utilise surtout comme source d’une incapacité de pouvoir acheter les produits et services venant des producteurs, ainsi qu’une hausse des prix en général; les deux ensemble fournissent les éléments clé de l’effondrement de la production industrielle projetté par Halte. Et déjà elle a souligné l’importance de la taille quantitative de la population, trop importante pour permettre une transition facile…
Le bas prix de l’énergie, inévitable et préoccupant
Elle revient ainsi à la clé de son argument, à l’effet que c’est l’incapacité pour les travailleurs non-élites d’acheter les produits et services rendus chers (résidences, autos, viande, soins de santé) qui aboutit à l’effondrement; il s’agit de phénomènes associés à ses trois vecteurs/facteurs de croissance. Encore une fois, le problème peut être repoussé pour un temps par la prise de dettes, à intérêt plutôt bas et à long terme quand possible. Ce n’est pas seulement, ou précisément, une question de l’offre et de la demande – la demande est réduite avec la pauvreté relative. C’est sa façon d’intégrer le grand thème des inégalités dans la réflexion sur l’effondrement, ce qui constitue une sorte de précision quant aux projections de Halte.
Les acheteurs potentiels non-élites exigent un bas prix pour l’énergie, et ne peuvent en acheter à un prix élevé. Cherchant des indications que nous sommes au bord de l’effondrement suivant une telle analyse, elle fournit un graphique qui montre que les inégalités de revenu aujourd’hui sont proches de celles d’avant la Dépression.
Quand la production/l’offre d’énergie baisse, les prix, généralement, ne montent pas, cela frappe les producteurs, et voilà, la disponibilité d’énergie nécessaire pour le système tombe en panne, prenant quelques années pour le faire. Les bas prix aboutissent à des emplois de bas d’échelle dans les services. Nous vivons, dit-elle, dans une période entre le début du prix bas et l’effondrement, «une période intéressante».
Les taux d’intérêt et l’importance de la dette déterminent jusqu’où le prix du pétrole peut monter (diapositive 43) et non pas seulement le coût de l’extraction; leur impact se fait sentir par une demande plus basse chez les personnes avec de plus bas revenus. Des bas taux d’intérêt et le QE ,qui augmentent la demande, remédient à cela, pour un temps, baissant le prix des commodités. Avant la Grande Récession, c’était entre autres un prix élevé du pétrole qui a contribué à l’effondrement (temporaire); après, de nos jours, ce sont les mesures prises par la Fed (et critiquées par Trump…) qui ont fait augmenter le prix, jusqu’à sa chute en 2014.
L’approche à l’effondrement
C’est dans le cadre d’une telle vision des facteurs influençant le portrait de l’économie et sa santé qu’elle aborde, vers la fin du premier article et comme sujet principal du deuxième, l’effondrement qu’elle prévoit et cela dans les termes du Club de Rome dans Halte. Il y a aujourd’hui dans les pays riches: une tendance baissière dans la croissance de la consommation d’énergie per capita, cela depuis 2010; un ensemble de perturbations sociales associées aux inégalités de revenu; un bas prix pour les commodités, incluant le pétrole; un haut niveau d’endettement. Finalement, ce qu’elle suggère se lit dans les récits historiques d’autres effondrements (moins graves que celui qui arrive, parce que ce dernier sera à l’échelle planétaire). Rien ne suggère comment juger que les seuils sont atteints, parce que ces seuils n’existent pas explicitement. Nous avons les projections de Halte.
by Lire la suite