Le blogue «Our Finite World» de Gail Tverberg figure prmi ceux que je recommande. Elle a un style déroutant, présentant ses analyses sans la moindre indication de son point de vue global; dans une conversation l’an dernier, elle m’a indiqué qu’elle n’a aucune illusion quant à un impact quelconque de ses travaux, et elle se limite donc à essayer de comprendre. Le titre de son site, et ses analyses, montrent qu’elle suit dans la lignée de Halte, et cela ressort de temps en temps explicitement.
Récemment, elle a produit deux articles qui, d’une part, présentent son évaluation globale – nous nous approchons de l’effondrement projetté par Halte à la croissance – et, d’autre part, ce faisant, elle cherche à réunir une multiplicité de facteurs en cause. J’ai décidé d’essayer d’y chercher le cœur de son argument.
Dans mes propres travaux, j’ai déjà essayé d’esquisser quelques pistes pour préparer une future société post-effondrement, mais je ne me suis pas penché sur un effort de bien cerner les signes qui nous diraient que l’effondrement est en cours. Finalement, on doit constater que les différents facteurs soulignés par Tverberg semblent bien pertinents, mais nous n’avons pas de seuils pour ces facteurs qui indiqueraient quand leurs limites seraient dépassées. Elle nous présente presque une intuition, avec des pistes intéressantes…
De son côté, Catherine Paquette a consacré un article de GaïaPresse récemment sur toute cette question de la collapsologie.
Mise en contexte: les projections de l’EIA
Tverberg part dans un premier article, le résumé d’une présentation dont elle utilise les diapositives, avec des prévisions pour la production de l’électricité provenant de l’EIA (Energy Information Administration) des États-Unis, cela en présumant de la poursuite d’un recours important à l’énergie fossile jusqu’en 2022. Pour elle, les projections de cette agence américaine sont à critiquer pour leur présomption (entre autres) d’une capacité de payer, de la part des populations, un prix le triple de celui d’aujourd’hui. Elle poursuit en insistant sur l’effet pervers des subventions et priorités accordées aux énergies renouvelables comme baissant le prix de toute l’énergie et rendant non profitables des efforts d’innover dans le secteur de l’électricité: l’électricité est aussi problématique que l’énergie fossile. Le but de sa critique semble être de préparer l’argument du deuxième article, à l’effet que nous nous approchons de l’effondrement projeté par Halte, mais il y a beaucoup d’étapes entre les deux.
Les projections de l’EIA sont pour des hausses importantes dans le prix de l’électricité pour 2022 (le temps requis pour la planification de nouvelles infrastructures). Pour les centrales électriques, le CCS (la capture et l’entreposage sous terre du CO2) est présumé, à différents niveaux, ce qui augmente davantage le prix qu’elle trouve inapplicable économiquement. Elle semble présumer qu’il n’y aura pas d’interventions face aux changements climatiques par les sociétés alors que, presque surprenamment, l’EIA l’incorpore dans ses projections (cf. diapositive 14), qui présument par ailleurs que le recours au charbon va continuer à diminuer, alors que Tverberg souligne qu’il n’y aura pas de substituts suffisants pour le remplacer, et le gaz naturel connaît des problèmes de rentabilité.
Complexité, endettement, ressources – et démographie
Pour Tverberg- comme pour les économistes biophysiques – , l’économie est un système qui s’auto-organise en fonction des lois de la physique (comme limites et contraintes) et comporte trois composantes: un endettement qui semble structurel et nécessaire; une dépendance aux ressources naturelles; une complexité qui s’accroît en réponse aux contraintes. Son graphique à trois vecteurs pour ce portrait met en contrepartie le défaut de paiement, un épuisement des ressources à un prix d’exploitation raisonnable (absent du graphique) et un effondrement du système. Le maintien du système dépend surtout d’une croissance constante de la production et de la consommation d’énergie per capita.
À cet égard, Tverberg fait intervenir deux graphiques où elle montre les résultats d’un calcul de la distribution de cette énergie accrue entre des initiatives qui permettent de hausser le niveau de vie et d’autres répondant aux besoins de base d’une population également accrue. Presque comme trame de fond de son argument, la croissance démographique au fil des décennies a abouti à l’arrêt de l’amélioration du niveau de vie et les tendances vers des disparités de plus en plus importantes du revenu des différentes parties de la population (finalement, une version de la distinction 1%/99%). La situation actuelle, la période depuis 1980 environ, correspond à la fin de la croissance de la production énergétique per capita (qui se rapproche de l’argument de Halte).
Débute ensuite son effort de réunir de nombreuses indications de problèmes venant de la situation contemporaine, en soulignant que les effondrements arrivent (arrivaient dans le passé, selon sa généralisation) quand le prix de l’énergie était dans un creux. Derrière cette situation est l’accroissement des inégalités et d’une population de plus en plus importante incapable de créer une demande pour des produits nécessitant énergie et maintenant donc un prix élevé. Ces effondrements dans le passé – elle maintient sa généralisation – étaient souvent suivis de guerres qu’elle pense raisonnable de décrire comme des guerres pour les ressources.
Le portrait (diapositive 27), qu’elle attribue au passé et propose pour le présent, alors qu’elle cherche à mettre un accent sur plusieurs facteurs, et non seulement des contraintes du côté de l’énergie fossile conventionnelle:
Les mauvaises et les bonnes interprétations
Tverberg fait des critiques régulièrement des propos courants autour du portrait qui pensent décrire la situation, comme les projections de l’EIA (et de l’AIÉ), cela suivant les orientations de l’économie néoclassique. Elle les résume (nous les connaissons): la hausse du prix de l’énergie ne sera pas un problème (elle mentionne les gilets jaunes, et voir l’argument de Normand Mousseau dans l’article de GaiaPresse mentionné plus haut); la variabilité du prix (renouvelables intermittentes, gaz en fonction du prix) ne sera pas un problème; il n’y a aucun problème face à un épuisement hypothéthique des ressources; l’économie va pouvoir s’accommoder d’une quantité moindre d’énergie, ou pouvoir remplacer l’énergie fossile avec les renouvelables; les leaders politiques seront capable de gérer la situation; il est approprié de présumer des modèles de changements climatiques qui voient la poursuite du business as usual; le système économie-énergie va pouvoir s’adapter aux décisions des leaders politiques. (diapositives 8 et 9)
Selon Tverberg, la globalisation a réussi à maintenir des bas prix jusqu’ici, mais l’ensemble va à l’encontre des lois de la physique (de la thermodynamique). La bonne approche, suivant l’économie biophysique, tient compte des paramètres de son graphique sur l’énergie-économie résumé ci-haut: (i) il y a un vecteur consommation d’énergie, incluant le travail physique humain; (ii) il y a un vecteur complexité, suivant Tainter, avec l’apport technologique, la globalisation, la taille de plus en plus grande des entreprises et une éducation avancée pour une partie de la population; (iii) la dette, facteur important dans la croissance, comporte plusieurs composantes autre que la dette financière, incluant les prix des stocks, la sécurité sociale, voire le prix des actifs qui comporte un engagement envers de futurs produits et services dont la production exigera de l’énergie.
Elle ajoute à ces vecteurs, sans les inclure dans le graphique, l’accroissement des inégalités de revenu, qu’elle utilise surtout comme source d’une incapacité de pouvoir acheter les produits et services venant des producteurs, ainsi qu’une hausse des prix en général; les deux ensemble fournissent les éléments clé de l’effondrement de la production industrielle projetté par Halte. Et déjà elle a souligné l’importance de la taille quantitative de la population, trop importante pour permettre une transition facile…
Le bas prix de l’énergie, inévitable et préoccupant
Elle revient ainsi à la clé de son argument, à l’effet que c’est l’incapacité pour les travailleurs non-élites d’acheter les produits et services rendus chers (résidences, autos, viande, soins de santé) qui aboutit à l’effondrement; il s’agit de phénomènes associés à ses trois vecteurs/facteurs de croissance. Encore une fois, le problème peut être repoussé pour un temps par la prise de dettes, à intérêt plutôt bas et à long terme quand possible. Ce n’est pas seulement, ou précisément, une question de l’offre et de la demande – la demande est réduite avec la pauvreté relative. C’est sa façon d’intégrer le grand thème des inégalités dans la réflexion sur l’effondrement, ce qui constitue une sorte de précision quant aux projections de Halte.
Les acheteurs potentiels non-élites exigent un bas prix pour l’énergie, et ne peuvent en acheter à un prix élevé. Cherchant des indications que nous sommes au bord de l’effondrement suivant une telle analyse, elle fournit un graphique qui montre que les inégalités de revenu aujourd’hui sont proches de celles d’avant la Dépression.
Quand la production/l’offre d’énergie baisse, les prix, généralement, ne montent pas, cela frappe les producteurs, et voilà, la disponibilité d’énergie nécessaire pour le système tombe en panne, prenant quelques années pour le faire. Les bas prix aboutissent à des emplois de bas d’échelle dans les services. Nous vivons, dit-elle, dans une période entre le début du prix bas et l’effondrement, «une période intéressante».
Les taux d’intérêt et l’importance de la dette déterminent jusqu’où le prix du pétrole peut monter (diapositive 43) et non pas seulement le coût de l’extraction; leur impact se fait sentir par une demande plus basse chez les personnes avec de plus bas revenus. Des bas taux d’intérêt et le QE ,qui augmentent la demande, remédient à cela, pour un temps, baissant le prix des commodités. Avant la Grande Récession, c’était entre autres un prix élevé du pétrole qui a contribué à l’effondrement (temporaire); après, de nos jours, ce sont les mesures prises par la Fed (et critiquées par Trump…) qui ont fait augmenter le prix, jusqu’à sa chute en 2014.
L’approche à l’effondrement
C’est dans le cadre d’une telle vision des facteurs influençant le portrait de l’économie et sa santé qu’elle aborde, vers la fin du premier article et comme sujet principal du deuxième, l’effondrement qu’elle prévoit et cela dans les termes du Club de Rome dans Halte. Il y a aujourd’hui dans les pays riches: une tendance baissière dans la croissance de la consommation d’énergie per capita, cela depuis 2010; un ensemble de perturbations sociales associées aux inégalités de revenu; un bas prix pour les commodités, incluant le pétrole; un haut niveau d’endettement. Finalement, ce qu’elle suggère se lit dans les récits historiques d’autres effondrements (moins graves que celui qui arrive, parce que ce dernier sera à l’échelle planétaire). Rien ne suggère comment juger que les seuils sont atteints, parce que ces seuils n’existent pas explicitement. Nous avons les projections de Halte.
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On en revient toujours à une règle primordiale du monde physique: la production d’une énergie finale implique des coûts. Or plus ces coûts augmentent à cause des contraintes d’extraction de l’énergie primaire et de sa transformation en source énergétique utilisable, l’EROI décroissant d’autant, plus les tarifs d’utilisation de cette source doivent augmenter. C’est-à-dire que la proportion d’énergie finale obtenue décroissant, elle en laisse moins pour soutenir les autres besoins. Traduite en « données » économiques, cette diminution de l’EROI implique que les coûts de production augmentant, l’on atteint rapidement un seuil où la demande ne pouvant l’absorber, soit celle-ci chute, soit la production s’effondre sous le poids de ses contraintes. Or nous faisons face à une diminution continue du taux de rendement énergétique depuis le forage des premiers puits de pétrole. Quelle solution pourrait donc prévaloir pour éviter l’effondrement des capacités de production?
Je soumets que la disruption technologique dans le domaine du transport pourrait être l’un des facteurs prolongeant la capacité d’absorption de notre civilisation d’un fléchissement de l’EROI. Tony Seba depuis quelques années en parle abondamment (voir https://youtu.be/KVm74yE0aUE ). Ne retenons de son exposé qu’un aspect en découlant: la réduction massive du parc automobile dans un pays comme les USA, passant de près de 300 millions de véhicules personnels à une flotte en TaaS d’environ 28 millions de véhicules autonomes propulsés à l’énergie électrique largement produite à partir de sources renouvelables et détenus par des groupes (entreprises capitalistes, collectives ou publiques, peu importe le modèle). Une telle disruption dans les moyens de déplacement pourrait entraîner une consommation énergétique chutant drastiquement, transformant tant l’approvisionnement actuel en énergie fossile que l’industrie automobile elle-même. Seba entrevoit une telle disruption se produire sur un horizon d’à peine 10 ans. Qu’en pensez-vous? Un tel scénario peut-il avoir un effet majeur sur l’utilisation énergétique ou n’est encore qu’un miroir aux alouettes technologique?
J’en ai parlé à plusieurs reprises, la dernière fois dans mon dernier article. Je trouve la possibilité que ses projections se réalisent dans une version quelconque assez convaincante. Ce qui est frappant est que Seba, dans ce que j’ai vu de ses interventions, ne semble nullement conscient de la crise qui va frapper – qui frappe déjà – les transports, et semble voir cette perturbation comme simplement une étape dans le développement continu de nos sociétés. Finalement, cela ne change rien au portrait; ce qu’il projette rentre directement dans l’effort de concevoir une façon de voir une véritable transition, celle-ci nécessitant à mon avis l’abandon de l’automobile privée.
« Une telle disruption dans les moyens de déplacement pourrait entraîner une consommation énergétique chutant drastiquement » Pourtant la consommation énergétique US ne diminuerait que de 22% si on électrifiait complètement les transports. Ce sont les pertes thermiques des ICE qui seraient éliminées dans [1]… est-ce que j’oublie encore quelque chose? -22% ce n’est pas négligeable mais on est loin du compte pour revenir à 280 ppm de CO2
et tout ça en 10 ans? Ces 10 ans, nous ne les avons pas: « Recent research suggests that human societies will experience disruptions to their basic functioning within less than ten years due to climate stress. Such disruptions include increased levels of malnutrition, starvation, disease, civil conflict and war – and will not avoid affluent nations. »
(Jem Bendel, « Deep Adaptation: A Map for Navigating ClimateTragedy »)
[1] https://www.visualcapitalist.com/visualizing-u-s-energy-consumption-one-chart/
Je comprends que les projections de Seba sont assez problématiques. Reste qu’il projette une réduction de la flotte des trois quarts et une réduction correspondante de la consommation (électrique). Cela n’a rien à voir avec les projections business as usual utilisées pour calculer l’énergie pour les transports électrifiés.
Pour le répéter, il s’agit d’une transformation de toute la structure industrielle américaine, même si Seba n’en parle même pas. Son hypothèse de base est que le véhicule électrique autonome est une technologie perturbatrice, et voilà son explication pour la transformation radicale d’ici 2030. Je vois cela comme un élément possible dans une véritable transition passant à travers un effondrement.
À noter que les véhicules privés (autos et camions légers) représentent environ 22% des émissions pour le Québec (source Normand Mousseau), contrairement au 12% que vous signalez pour les États-Unis.
Une excellente analyse à lire en complément de ce blogue de Harvey Mead
http://raisons-sociales.com/articles/la-caq-au-volant/?fbclid=IwAR2Bn0i0A8qT8pdGPG4sPBqknKoRrKfhZLHNVNFJ99l45Zq-wNHBmcPqWn4
Merci M. Cotnoir pour cette référence… elle m’a permis de découvrir Raisons-sociales! Concernant le sujet de cette rubrique, je ne crois pas que l’avènement du TaaS nous sorte des crises sociale, économique et climatique. La voiture particulière américaine ne produit que 12% de leur GES. Nous sommes à 400 ppm de CO2, aucune technologie industrielle de captation n’existe. Les cryosphères disparaissent (Blue Arctic Ocean event dans 10 ans?) et amènent déjà des perturbations dont les coûts ébranlent (jusqu’à leur chute?) les économies (toutes capitalistes). Pour ceux qui ne le suivent pas, je recommande les analyses climatiques du Canadien Paul Beckwith https://paulbeckwith.net
Moi aussi j’ai bien apprécié l’article «Le CAQ au volant». Il fournit des perspectives, je crois, sur nos établissements humains face à un effondrement du système capitaliste qui définit la situation actuelle. Je ne connaissais pas non plus la revue Raisons Sociales, mais je note que bon nombre de ses responsables proviennent de l’IRIS.
Pour moi, l’intérêt du travail de Seba n’est pas surtout une contribution à des réductions de GES, mais plutôt, à l’instar de l’article de Arnaud Theurillat-Cloutier pour une vision de l’urbanisme, les perspectives qu’il offre sur un système de transport dans la société qui aura perdu son parc automobile en raison de ce même effondrement. Tout d’abord, il s’agit d’une situation où les grandes entreprises manufacturières, et peut-être surtout les trois grandes américaines, seraient quasiment disparues du paysage économique, alors qu’elles le dominent actuellement; indépendamment de Seba, je trouve très risqué pour elles la grande stratégie des trois grandes américaines ciblant uniquement des camions et des VUS. On serait néanmoins dans une situation qui dépendrait du maintien d’une partie de cette capacité manufacturière (avec toute la chaine d’approvisionnement de matières premières et de distribution),
Précisions (et une proposition)
Vous écrivez « surtout les trois grandes américaines, seraient quasiment disparues du paysage économique, alors qu’elles le dominent actuellement ». Ils ne sont plus que deux: Ford et GM (Chrysler, en faillite, est passé sous le contrôle de FCA NV, une multinationale dont le siège est aux Pays-Bas).
Il serait intéressant de comparer la « domination du paysage économique US » par les « Big Three » comme vous dites avec l’importance de l’industrie de l’armement. Les « grandes entreprises manufacturières » des États-Unis ne forment-elles pas le complexe militaro-industriel dénoncé par Eisenhower? [1]. Je peine à trouver des stats proprement américaines sur les ventes d’armement, mais mondialement en 2017 les montants sont comparables: environ 1.6 Teradollars pour chaque secteur, vente de véhicules et vente d’armement (1.6 T$ = 1600 G$).
Quel secteur emploie le plus? En milliers d’employés US on trouve:
GM + Ford + FCA US = 353 milliers d’employés
Raytheon + Northrop Grumman + Lockheed Martin + General Dynamics +
Boeing + United Technologies Corporation + L3 Tech = 749 milliers d’employés
Mon hypothèse: le Pentagone fait autant fonctionner l’économie US que le marché
automobile…
On envahit le Venezuela quand? On a les bombes, ils ont les dernières réserves de pétrole conventionnel: on suggère un échange?
[1] https://www.youtube.com/watch?v=OyBNmecVtdU&t=521s
[2] https://en.wikipedia.org/wiki/Arms_industry
1. En effet, c’est Fiat-Chrysler maintenant.
2. Encore une fois, pas d’objection quant à l’importance de l’industrie de l’armement, mais je cherche à mettre un accent sur le fonctionnement possible de la société post-effondrement. C’est évident que les États-Unis (et d’autres) ne voudraient pas se laisser couler en douce, mais le fonctionnement des militaires dépendent autant du pétrole que celui des transports, et l’effort de maintenir le pouvoir militaire pourrait bien constituer une source majeure de déstabilisation à travers tout le reste.
3. Il faudrait, pour la comparaison concernant les emplois, inclure l’ensemble des fabricants d’autos, et non seulement les trois grandes, il me semble. Cela mettrait peut-être les emplois au même niveau que les dépenses, que vous indiquez environ équivalentes.
4. J’étais en Amérique latine quand les États-Unis ont essayé de renverser Chavez (en 2002, je crois). Notre couverture des événements, même avec les meilleures intentions, ne se compare pas. Apparemment le Wall Street Journal aurait publié un exposé des tractations menées par les États-Unis cette fois-ci pour proposer Guaidó et obtenir les appuis des autres États, mais il faut être abonné pour y avoir accès. Taillefer et d’autres semblent satisfaits que cette fois-ci le renversement de Maduro serait dans l’intérêt du peuple, mais je reste toujours avec de sérieux doutes, en pensant que la droite n’a jamais abandonné son effort de reprendre le contrôle. Je ne vois aucune couverture du positionnement politique de Guaidó, par exemple…
À noter que une source importante des problèmes du Venezuela est le bas prix du pétrole, le pays (comme beaucoup d’autres, y compris le Canada) ayant décidé de financer son budget à partir de cette ressource naturelle qu’il ne faudrait pas traiter ainsi…
3. En effet, j’ignorais qu’il y avait autant d’usines de Nissan, Toyota, Honda, en sol US…
Je suis donc retourné à mes recherches et je dois corriger mon estimé en le triplant: il y a 940 milliers d’américains employé dans la production [1] mais encore plus important, la vente! Ils sont 2 millions à vendre des autos! (Tiens, ça me fait penser au magnifique rôle de Gilbert Sicotte dans ‘Le vendeur’).
Est-ce que ça prend beaucoup de vendeurs pour écouler des cluster bombs ou ils livrent par catalogue?
« À noter que une source importante des problèmes du Venezuela est le bas prix du pétrole » Oui, et j’ai lu que des tractations avaient été faites pour empêcher l’Arabie Saoudite de diminuer sa production pour garder les prix bas dans le bus de nuire aux économies russe et vénézuélienne. Au contraire de l’Alberta qui force ses producteurs de dilbit à réduire leur production pour tenter d’en rehausser le prix…
[1] https://www.statista.com/statistics/276474/automotive-industry-employees-in-the-united-states-by-sector/
Les trois grandes américaines visent pour les prochaines années, explicitement et comme stratégie commerciale de base, la production de gros véhicules (VUS et camions légers), cela en se retirant du marché des petits véhicules. Voilà le gros risque que je les vois courir. Les entreprises étrangères auront donc le marché des petits véhicules, qui me paraît probablement incontournable devant des contraintes à venir. Plus intéressant, en suivant votre piste concernant les concessionnaires: la projection de Seba verrait disparaître les concessionnaires; les véhicules électriques autonomes se vendront auprès de groupes offrant les services TaaS, et le véhicules privé – toujours selon les projections de Seba – disparaissant…