Ce Festival a réuni plusieurs acteurs de la scène de la décroissance, toujours marginale dans le grand portrait des choses. J’y ai fait une présentation suggérant que la décroissance va s’imposer avec l’effondrement de la production industrielle au cours des prochaines années, suivant l’argument de Trop Tard et les projections de Halte à la croissance.
La présentation se trouve ici – Présentation 1vi19 – en format pdf, mais elle manque les commentaires qui permettent de suivre l’interprétation des graphiques et l’argument présenté. Ces commentaires sont présentés ici séparément, en attendant que quelqu’un m’indique comment créer une page qui rejoint les commentaires aux graphiques.
Graphique 2 :
Calcul fait par NormandMousseau en 2013 en tant que co-président de la Commission sur les enjeux énergétiques du Québec. Il s’agit du seul effort en ce sens que je connaisse. Les résultats de ce calcul, lorsque l’on met à jour l’objectif pour une réduction des émissions des GES de 40%, cela dans un nouveau contexte où il y a plus de voitures et plus de consommation, représentent la fin de l’automobile à essence, à toute fins pratiques, dans tout effort de répondre à l’urgence climatique. Aucune des interventions proposant des actions gouvernementales pour relever le défi – La Planète s’invite à l’université, le Pacte pour la transition de Dominic Champagne, Déclaration d’urgence climatique, autres – ne semble avoir la moindre idée de l’importance, dramatique, de ce qui est requis.
Graphique 3 :
La liste Fortune des 500 plus importantes entreprises du monde en termes de revenus varie d’une annéeà l’autre, mais la liste de 2012, reproduite ici pour les 12 plus importantes entreprises, donne une bonne idée de l’importance de l’énergie fossile et des véhicules qui en dépendent, peu importe les quelques changements dans l’ordre de la liste – dans l’activité économique en cause – chaque année. En raison du grand rôle de l’hydroélectricité dans le bilan énergétique du Québec, les transports y figurent incontournables pour n’importe quel effort de réduction des GES. Ailleurs, le bilan est moins centré sur les transports, mais l ‘ensemble des interventions qui seront requises représente aussi un impact dramatique sur l’activité économique.
Graphique 4 :
Ce graphique résume beaucoup de choses. La lecture de gauche à droite situe les pays dans le cadre de l’indice des Nations Unies sur le développement (IDH), selon lequel il faut que le pays soit au-dessus de 0,8 pour signifier l’atteinte d’un niveau de vie acceptable. La lecture du bas vers le haut présente l’empreinte écologique des pays, et la biocapacitéper capita disponible diminue avec la croissance de la population mondiale.Le dépassement de l’empreinte écologique par les pays riches, et l’échec dans l’effort d’atteindre un niveau d’IDH acceptable de la part des pays pauvres, compliquent énormément tout effort de voir l’ensemble des pays dans le rectangle vide, dont l’effort de cibler les défis associés à la consommation d’énergie et la production de GES associés aux changements climatiques.
Graphique 5 :
Ce graphique permet de mieux comprendrel’inaction des gouvernements canadiens face au défi des changements climatique et aux appels pour des interventions. Le PIB canadien, tout au long de l’ère Harper, dépendait fortement de l’activité économique générée par les provinces productrices de pétrole, l’Alberta, la Saskatchewan et Terre-Neuve et Labrador. La baisse du prix du pétrole depuis 2014 aboutit à l’équivalent d’une récession (voir le graphique suivant) dans ces provinces, et le PIB du Canada en montre les conséquences.
Source Statistique Canada, Cansim Tableau 384-0038 et Comptes économiques provinciaux et territoriaux 2016, Tableau 3 «Produit intérieur brut réel, provinces et territoires, Canada, 1981-2016» (données officielles en dollars enchaînés) en millions de dollars enchaînés (2007). Statistique Canada, Division des comptes économiques nationaux, novembre 2017
Graphique 6 :
Ces trois provinces productricesdominent le portrait économique du pays, le PIB canadien étant régulièrement en dessous de ceux des trois provinces. Si le Canada abandonnait l’exploitation des sables bitumineux (et les gisements offshore de Terre-Neuve et Labrador), le portrait économique du pays serait dramatiquement affecté, à la baisse, un peu à l’image de la récession occasionnée par la baisse du prix du pétrole.
Source Statistique Canada, Cansim Tableau 384-0038 et Comptes économiques provinciaux et territoriaux 2016, Tableau 3 «Produit intérieur brut réel, provinces et territoires, Canada, 1981-2016» (données officielles en dollars enchaînés) en millions de dollars enchaînés (2007). Statistique Canada, Division des comptes économiques nationaux, novembre 2017
Graphique 7 :
En préparation pour la COP21 de décembre 2015 à Paris, le Deep Decarbonization Pathways Project (DDPP) a été lancé par Jeremy Sachs pour tester la possibilité de pouvoir maintenir lacroissance économique tout en réduisant les émissions de GES dans le respect de la cible d’une hausse maximale de 2°C de la température mondiale. L’effort s’est montré un échec, et les résultats présentés ici pour les 16 pays étudiés, mais regroupés en fonction des niveaux de PIB, montrent que l’échec en termes d’émissions se conjugue avec un autre associé au maintien des inégalités entre les pays riches et les pays pauvres. Il y a une vingtaine de pays à ajouter dans le groupe de gauche et plus de 120 pays à ajouter dans le groupe de droite.
Graphique 8 :
Greenpeace Internationala également essayé de tester la potentiel des énergies renouvelables pour remplacer les énergies fossiles et permettre de respecter la cible d’une hausse maximale de 2°C, sans succès. Le résultat indirect, encore une fois, était le maintien du positionnement des pays riches en matière de consommation d’énergie, même si les inégalités à cet égard ont été diminuées.
Graphique 9 :
Fondamental à ce portrait déjà complexe etincluant le défi des inégalités majeures entre les pays riches et les pays pauvres, se dessine une croissance démographique projetée qui va avoir lieu presque exclusivement dans les pays pauvres, augmentant l’importance de l’ensemble des défis.
Graphique 10 :
Fondamental à ce portrait déjà complexe etincluant le défi des inégalités majeures entre les pays riches et les pays pauvres, se dessine une croissance démographique projetée qui va avoir lieu presque exclusivement dans les pays pauvres, augmentant l’importance de l’ensemble des défis.
Graphique 11 :
L’avenir en termes de disponibilité d’alimentspour l’énorme population humaine s’annonce donc problématique. La tendance historique vers le haut dans la production des aliments de base risque d’être modifiée, probablement profondément, par les impacts sur la production venant d’une baisse de la productivité, des changements climatiques et de la perte des sols par l’érosion et la salinisation. Cela risque de compliquer davantage les efforts de gérer l’effondrement qui s’annonce.
Source Grantham, op. cit. pour le graphique précédent.
Graphique 12 :
L’ensemble des pressions sociales auxquelles font face les sociétés risque de rendre les migrations des pays pauvres vers les pays riches beaucoup plusimportantes que dans le passé récent, déjà difficile. Ici, on voit les tendances importantes dans la grande région autour de l’Europe riche. Il manque une carte pour les Amériques suivant les mêmes principes, mais les tendances y sont claires depuis plusieursannées déjà.
Source: « Aging and Demographic Change in Europe: Divergent Trends in Western and Central Europe », Rainer Muenz, Erste Bank, Vienna: Second OECD World Forum on Statistics, Knowledge and Policy, Istanbul, Turquie, le 28 juin 2007.
Graphique 13 :
Ce graphique, la figure 3.9 du livre Drilling Downde Tainter et Patzek (2011), est expliqué ainsi par les auteurs : « Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), il existe déjà un pic de pétrole produit et 50 millions de barils de pétrole conventionnel par jour manqueront en 2030. L’AIE promet de combler le fossé avec de nouvelles découvertes, le développement accru des champs existants, la récupération augmentée du pétrole [EOR dans le graphique] par des techniques comme l’injection de CO2 ou de vapeur et une augmentation additionnelle de production dans les sables bitumineux canadiens. Toutes ces alternatives au pétrole conventionnel vont réduire un peu les manques, mais ensemble elles ne peuvent tout simplement pas répondre au déclin de la production dans les opérations existantes. Les liquides de gaz naturel [NGL dans le graphique] ne peuvent alimenter la majorité d’automobiles sur les routes, à moins qu’il y a une conversion massive de moteurs à essence à des moteurs de liquides de gaz naturel.
Source : www.iea.org/speech/2008/Tanaka/cop_weosideeven.pdf
Graphique 14 :
Ce graphique fait la distinction suggérée par le graphique précédent pour ce qui est des 50 millions de barils manquants en2030. La source – https://www.planetoscope.com/petrole/559-production-mondiale-de-petrole.html– est un site que je ne connais pas, et qui n’est pas précis quant aux données. Il est possible que ce soit une reproduction du travail de Tainter et Patzek utilisé dans le graphique précédent, sauf qu’il fait la distinction entre le développement de gisements déjà connus et la découverte de nouveaux gisements. Même si toutes les réserves connues actuellement étaient développées (le bleu pâle),il manquerait quand même environ 20 millions de barils par jour en 2030 (le rose)… Avec un œil sur l’importance de l’énergie fossile dans le fonctionnement des économies — et des sociétés – contemporaines, une telle situation situe un effondrement plus qu’imaginable.
Graphique 15 :
En effet, et suivant la même chronologie, cette situation représente l’effondrement projeté dans le graphique duscénario 1 – «business as usual» – de l’original The Limits to Growth: A Report for The Club of Rome’s Project on the Predicament of Mankind (1972) indiquant par la projection l’effondrement du système de production industriel vers 2025.
Graphique 16 :
Aujourd’hui, ces projections sont devenuesde plus en plus clairement le portrait de la réalité mondiale. Ce graphique montre (lignes solides) la coïncidence des projections de Limits to Growth du graphique précédent et les données réelles sur 30 ans(1970-2000). Turner a faitune mise à jour pour 40 ans utilisant un autre format, mais montrant que les données continuent de suivre les projections de 1972.
Source: « A Comparison of The Limits to Growth with Thirty Years of Reality », Graham Turner – 2009.
http://www.csiro.au/files/files/plje.pdf